Russie : Dans l'étau de la crise ukrainienne et de la crise mondiale19/11/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/11/lutte_ouvriere_2416.jpg.445x577_q85_box-0%2C130%2C1712%2C2350_crop_detail.jpg

Dans le monde

Russie : Dans l'étau de la crise ukrainienne et de la crise mondiale

La devise russe, le rouble, n'en finit pas de plonger. En une semaine, elle a perdu 10 % de sa valeur, et 25 % depuis le début de l'année. La banque de Russie a d'abord cherché à maintenir son cours. Mais elle vient de jeter l'éponge après y avoir perdu un cinquième des réserves de devises du pays. Cela a aussitôt provoqué, chez ceux qui en ont les moyens, les riches et les entreprises, une ruée sur le dollar et l'euro, et une nouvelle chute du rouble.

L'inflation recommence à s'emballer, aggravée par l'embargo décidé par Moscou sur certains produits alimentaires venus d'Europe et d'Amérique. Les prix s'envolent, surtout sur les produits de base, ce qui frappe la population.

Quant à l'économie, ses rythmes de progression chutent depuis 2012. Au point qu'ils frisent actuellement 0 %.

Les raisons de cette situation ne sont pas nouvelles : les finances du pays dépendent de façon quasi absolue de sa production et surtout de son exportation d'hydrocarbures. Or, contrecoup de la crise mondiale de 2008, la production, qui a partout ralenti, même dans les pays prétendus émergents telle la Chine, nécessite moins d'énergie. Du coup, les prix des hydrocarbures sur les marchés mondiaux ont notablement diminué : de l'ordre de 20 à 25 %. Ils ont d'autant plus baissé, et en conséquence les revenus de l'État russe, qu'outre-Atlantique la production locale de gaz ou de pétrole de schiste s'est substituée en partie aux importations d'hydrocarbures conventionnels.

L'extrême dépendance de la Russie à l'égard des fluctuations des marchés mondiaux dit bien que, malgré les coups de menton impériaux de Poutine, ce pays est loin d'avoir la puissance économique que prétend le Kremlin.

Mais la baisse des cours du pétrole n'est pas seule en cause. La Russie est aussi victime de la crise ukrainienne. Et de bien des manières. Résultat des sanctions occidentales, ses grandes entreprises n'ont plus guère la possibilité de se refinancer sur les marchés internationaux.

Pire, avec le conflit en Ukraine, les capitaux qui se trouvaient dans des banques ou des usines russes ont entrepris de fuir, comme à chaque fois qu'une ombre obscurcit le ciel économique du pays. Seulement, cette fois-ci, ce sont pas moins de 100 milliards d'euros qui ont fui la Russie.

Si la chute des cours pétroliers et les conséquences du conflit ukrainien devaient avoir pour résultat durable une hausse des prix conjuguée à une dégradation des salaires et des services publics, Poutine et la haute bureaucratie d'État auraient tout à craindre du mécontentement social que cela pourrait provoquer. En tout cas, ils s'y préparent : en s'efforçant de soûler la population de fumée patriotarde et de gloire guerrière.

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