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- Lutte ouvrière n°2414
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Hôpital de la Croix-Rousse, Lyon : virus Ebola : le personnel inquiet
Il possède en effet un service des maladies infectieuses et tropicales doté d'une chambre de type P4, un lieu hautement sécurisé pour isoler les malades extrêmement contagieux. Cependant, depuis la décision de recevoir ces malades, l'inquiétude est palpable parmi le personnel. Posséder une chambre ultra-sécurisée dotée de la technologie la plus performante est une chose. Par contre, informer, préparer et entraîner le personnel amené à intervenir sur ces malades en est une autre. Et c'est à ce niveau-là qu'il y a de graves lacunes.
Les protocoles prévus dans les cas de contamination due au virus Ebola et les procédures changent régulièrement et sont complexes à appliquer. Il n'y a pas de temps prévu pour s'entraîner à mettre et surtout enlever les tenues de protection. 45 minutes en effet sont nécessaires pour ôter la combinaison de protection après une intervention auprès d'un malade, et cela sans toucher la peau pour éviter une contamination. C'est très délicat, il faut faire preuve d'une grande vigilance, d'une grande précision et cela nécessite un entraînement régulier. Il faudrait pouvoir disposer de temps dédié à la formation, et ce n'est pas le cas aujourd'hui.
Par ailleurs, le personnel se pose beaucoup de questions pratiques concernant les situations qu'il pourrait rencontrer, questions auxquelles personne n'apporte de réponse. La contamination de trois soignants (un en Espagne et deux aux États-Unis) au cours de soins aux malades atteints du virus participe à cette inquiétude.
Pour beaucoup, l'hôpital est mal préparé à intervenir pour l'accueil de tels malades, sans parler des suppressions de postes et de lits qu'il a subies ces dernières années et qui ne peuvent qu'aggraver les situations d'urgence. Car, si un malade atteint du virus Ebola est admis en réanimation ou au service des infectieux, la consigne est d'évacuer tous les autres patients du service immédiatement, par mesure de sécurité. Où pourra-t-on les placer ? Trouvera-t-on assez de lits ?
Devant le manque de réactivité de la direction, le personnel a demandé aux syndicats la tenue d'un comité d'hygiène et sécurité (CHSCT) extraordinaire. Des formations doivent être programmées en novembre avec des spécialistes diligentés par le ministère. Que les agents amenés à intervenir sur ces malades soient préparés dans les meilleures conditions, afin qu'ils ne prennent aucun risque face à une maladie extrêmement dangereuse, est bien la moindre des choses.