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- Lutte ouvrière n°2414
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Editorial
Hollande, deux ans et demi de bons services rendus au patronat
Cela fait deux ans et demi que Hollande est au pouvoir. Deux ans et demi pendant lesquels le grand patronat a continué de faire payer la crise aux travailleurs à coups de fermetures d'usines, de restructurations et de licenciements. Au nom de la compétitivité, les jours de congés ont été rognés, le travail a été intensifié, les salaires ont été bloqués ou baissés. Et deux ans et demi pendant lesquels le gouvernement a justifié, secondé et aggravé l'offensive patronale.
Réforme des retraites, augmentation des impôts, loi sur la flexibilité, coupes dans les services publics : le gouvernement a accumulé les réformes antiouvrières et multiplié les cadeaux au patronat.
Le budget 2015 est le résumé de cette politique propatronale. Pour atteindre les 50 milliards de coupes budgétaires, combien de lits et de services seront encore fermés dans les hôpitaux ? Combien d'écoles ne pourront être restaurées, combien de prestations sociales amputées ? Et tout cela pourquoi ? Pour que le gouvernement fasse 41 milliards de cadeaux au patronat.
Car il s'agit bien de cadeaux. Le crédit d'impôt compétitivité emploi est en place depuis janvier 2013. Il n'a eu aucun effet, ni sur les emplois, ni sur l'investissement. Aujourd'hui, le gouvernement fait mine de hausser le ton : « Maintenant, il faut que le patronat tienne ses promesses », dit-il. Quel cinéma ! Si le gouvernement n'a mis aucune condition et aucune obligation sur l'utilisation de ces 41 milliards d'aides, c'est qu'il veut les laisser à la libre disposition du patronat.
Comme les enfants gâtés, les représentants patronaux en demandent toujours plus. Après avoir obtenu du gouvernement le report de la mise en place du « compte pénibilité » pour les retraites, le patronat demande sa suppression pure et simple : « trop compliqué », dit-il ! Alors que 80 % des contrats de travail signés sont déjà des CDD, le patronat demande la suppression du CDI ! Pourquoi se priverait-il, quand ses désirs sont des ordres pour le gouvernement ?
Pendant ces deux ans et demi, le gouvernement n'a pas seulement épousé la politique du patronat, il en a épousé les discours et les mots. Il est désormais de bon ton dans la gauche gouvernementale de dénoncer le « carcan » du Code du travail, le « verrou » des 35 heures ou encore le « tabou » des allocations chômage.
Valls comme le patronat veulent faire passer les travailleurs qui défendent leurs droits pour des passéistes. À les entendre, la modernité, ce serait de banaliser le travail du dimanche, de supprimer des droits syndicaux, de revenir sur le CDI et de travailler jusqu'à 67 ou 70 ans, autrement dit... de revenir au 19e siècle !
La modernité qu'ils nous construisent, on ne la connaît que trop ! C'est celle que l'on a vue chez Gad : des ouvriers mis en rang d'oignons et appelés par ordre alphabétique pour savoir qui, parmi eux, aura encore le droit de travailler et qui sera licencié. C'est 6 millions de chômeurs, 3,3 millions de personnes sans mutuelle, des retraités ou des smicards forcés de compter chaque euro. Et, à l'opposé, ce sont des actionnaires choyés aussi bien qu'avant la crise, un nombre de milliardaires en hausse et des grandes fortunes qui n'ont jamais été aussi élevées.
C'est encore au nom de la modernité que Valls veut jeter aux orties la référence au socialisme, car « le socialisme, ça a été une merveilleuse idée, une splendide utopie... mais c'est daté. Ça ne signifie plus rien », estime-t-il.
Eh bien, les idées socialistes continueront d'exister longtemps après que Valls et Hollande, ces prétendus socialistes qui ne sont que les paillassons de la bourgeoisie, seront tombés dans l'oubli !
Car ni l'un ni l'autre, ni même les candidats à leur succession, qu'ils soient à gauche, à droite ou à l'extrême droite, ne contestent le capitalisme et les véritables lieux de pouvoir et de décision que constituent les grands groupes capitalistes.
Les tares du capitalisme, l'accumulation de richesses à un pôle, la spéculation effrénée, le chômage de masse et les ravages sur la planète, ne peuvent être combattus sans remettre en cause leurs racines, la dictature de la classe capitaliste.
Cette conviction, qui était à la base des idées socialistes et communistes, est plus que jamais valable. Le socialisme n'a jamais été une utopie au sens d'un rêve inaccessible. Cela a été un combat politique porté par une classe sociale consciente qu'elle pouvait libérer la société de l'exploitation et l'entraîner vers un avenir meilleur.
Pour les travailleurs, conscients que le capitalisme est en train de pourrir sur pied, ce combat est d'une actualité brûlante, et il se mènera contre le parti dit « socialiste ».
Éditorial des bulletins d'entreprise du 3 novembre