États-Unis : Une loi pour faire taire Mumia Abu-Jamal05/11/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/11/2414.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Une loi pour faire taire Mumia Abu-Jamal

Aux États-Unis, à la mi-octobre, l'État de Pennsylvanie a voté, en procédure d'urgence, une loi donnant aux procureurs un pouvoir discrétionnaire qui a pour conséquence d'interdire aux prisonniers, mais aussi à ceux qui les soutiennent, de s'exprimer publiquement, notamment à propos de leur condamnation. Derrière le prétexte de la protection des victimes, il s'agit surtout de cacher à l'opinion publique ce qui se trame dans les prisons, dans un État où un des détenus s'appelle Mumia Abu-Jamal.

Cette loi liberticide a été adoptée par la Chambre des représentants et le Sénat de cet État. Un sénateur adversaire de cette loi, Daylin Leach, l'a ainsi dénoncée : « C'est la plus extrême violation du Premier amendement de la Constitution car cette loi empêche tout prisonnier de s'exprimer sur toute question par crainte d'une poursuite civile en représailles ».

Cette loi va en effet à l'encontre de la pratique habituelle des tribunaux américains qui permettent aux prisonniers de s'exprimer contre les pouvoirs publics et l'administration pénitentiaire, permettant ainsi parfois de mettre fin à des erreurs judiciaires. La liberté de parole des prisonniers peut être un recours contre des condamnations injustifiées ou disproportionnées, a fortiori quand les enquêtes à charge sont bâclées, voire truquées. Mais les dirigeants de Pennsylvanie ne veulent plus entendre les déclarations publiques de Mumia Abu-Jamal.

Pour l'Union américaine des libertés civiles (ACLU), une association qui défend les libertés publiques depuis 1920, cette loi est d'autant moins acceptable que « le législateur dispose déjà des moyens légaux pour restreindre la liberté d'expression » des prisonniers. En fait, explique l'ACLU, « le législateur veut disposer de tous les pouvoirs pour priver de parole quelqu'un qu'il n'aime pas ». Les soutiens américains de Mumia et les organisations de défense des droits humains et civiques se mobilisent pour en obtenir l'abrogation. Le Collectif français de soutien dont fait partie Lutte Ouvrière va se joindre à cette protestation.

Mumia Abu-Jamal est en prison depuis 1982 suite au meurtre d'un policier, un crime qu'il n'a pas commis, comme l'ont montré de multiples preuves que la justice américaine a rejetées. La protestation internationale a cependant imposé que la peine de mort qui le menaçait soit commuée en prison à vie, mais en écartant toute possibilité de recours. Mais l'État américain n'aime pas remettre en cause un jugement, aussi injuste soit-il. A fortiori s'il s'agit d'un adversaire politique.

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