La France ne produisant quasiment pas de gaz naturel, elle doit l'acheter à l'étranger, à la Norvège d'abord, puis aux Pays-Bas, puis à la Russie et à l'Algérie, et à quelques fournisseurs mineurs pour finir. Il s'agit essentiellement de contrats à long terme indexés sur le cours du pétrole. Mais justement, depuis le mois de juin, le cours international du pétrole n'a cessé de baisser. Alors pourquoi le gaz devrait-il augmenter ?

Il est vrai qu'une partie assez importante du gaz est achetée en dehors de ces contrats, sur le marché libre (spot) dont les tarifs fluctuent tous les jours. Le gouvernement a modifié à deux reprises le mode de calcul en y changeant l'incidence des prix du gaz venant du marché libre et des prix correspondant aux contrats à long terme. Mais justement, depuis le mois d'avril, le cours du marché spot est lui aussi orienté à la baisse. Alors, si le prix du pétrole et le prix du gaz sur le marché spot sont tous deux en baisse, qu'est-ce qui peut justifier la hausse ?

La CRE (Commission de régulation de l'énergie) qui a donné son feu vert pour cette hausse la justifie en disant qu'on entre dans « la saison de surchauffe », c'est-à-dire l'hiver, et qu'il y a des « risques potentiels liés à la crise ukrainienne ». Autrement dit, ce serait l'existence d'un « risque potentiel » qui justifierait d'augmenter les tarifs !

Dans toute cette affaire, le public ignore à quels prix GDF Suez et quelques autres fournisseurs minoritaires achètent le gaz qu'ils revendent ensuite aux usagers. Non seulement GDF Suez est opaque, mais la CRE ajoute une couche d'opacité supplémentaire. Il serait pourtant élémentaire que la transparence soit faite sur les prix du gaz.

GDF Suez et la CRE préfèrent protéger le secret commercial pour protéger leur liberté de manipuler les prix. Pour les usagers, il n'y a pas de mystère... sur le fait qu'ils devront payer.