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Dans le monde
Espagne : La réforme de l'IVG enterrée, mais la vigilance reste de mise
Le 23 septembre, le gouvernement de droite de Mariano Rajoy annonçait le retrait de son projet de loi remettant en cause le droit à l'avortement et du même coup la démission de son instigateur, le ministre de la Justice Gallardon.
Pour tous ceux qui, depuis décembre 2013, se battent en Espagne contre ce retour en arrière et cette attaque au droit fondamental des femmes de choisir, c'est déjà une victoire. En effet, ce projet de loi dit « de protection pour la vie du conçu et les droits de la femme enceinte », non seulement supprimait la loi de 2010 décidée par le gouvernement socialiste de Zapatero qui donnait le droit à l'avortement jusqu'à la 14e semaine, voire la 22e semaine, mais il constituait même un recul par rapport à la loi de 1985, pourtant très restrictive. Alors que la loi de 1985 acceptait le recours à l'avortement s'il y avait viol, risque pour la santé physique ou psychique ou encore malformation foetale, le projet de Gallardon supprimait cette dernière, sous prétexte de défendre le droit du « non né » !
Depuis 2010, mais aussi bien avant, la droite la plus conservatrice du Parti populaire, l'Église et ce qu'il y a de plus réactionnaire dans le pays ont exprimé leur hargne contre toutes les mesures faisant progresser le droit des femmes ou des homosexuels. Depuis le retour de la droite au pouvoir en 2012, ils sont à l'affût et ne cessent de mener campagne pour prendre leur revanche.
Mais, dès l'annonce du projet de Gallardon, la colère des femmes et de bien des hommes, des médecins ou des jeunes, s'est exprimée dans la rue. Pendant des mois la mobilisation n'a pas faibli, soutenue par une majorité de la population, y compris par une partie de l'électorat du PP. De quoi inquiéter une partie de celui-ci, qui n'entend pas continuer à perdre des voix aux prochaines échéances électorales, municipales et régionales.
Mais, si le projet est retiré, la volonté des milieux les plus conservateurs de remettre en cause la loi de 2010 demeure. Déjà Rajoy annonce qu'il compte supprimer le droit dont disposaient les mineures de 16 et 17 ans de recourir à l'IVG sans autorisation parentale. Mais aussi et surtout Rajoy envisage de revenir sur les délais autorisés. Les anti-IVG voudraient remettre à l'ordre du jour deux recours présentés à la Cour constitutionnelle par des députés du PP trois mois après le vote de la loi de 2010, dans le but de la casser...
Les forces réactionnaires ne désarment pas et sont à l'offensive en permanence, sur tous les terrains, pour essayer d'imposer leurs idées rétrogrades. Mais heureusement, en Espagne, la colère de la rue les a fait reculer. Un gage pour l'avenir.