Amiante : Chaffoteaux -- Ploufragan (Côtes-d'Armor), la direction jette l'éponge01/10/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/10/une2409.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Amiante : Chaffoteaux -- Ploufragan (Côtes-d'Armor), la direction jette l'éponge

Depuis 2010, la direction du groupe Merloni, propriétaire de l'ex-usine Chaffoteaux, située à Ploufragan près de Saint-Brieuc, dans les Côtes-d'Armor, a été condamnée à plusieurs reprises par le conseil des prud'hommes de Saint-Brieuc. Elle doit indemniser, à hauteur de 8 000 euros, plusieurs centaines de travailleurs ayant été exposés à l'amiante pendant des dizaines d'années, au titre du préjudice d'anxiété.

Ces jugements, confirmés par la cour d'appel de Rennes, s'appuyaient sur le fait que l'amiante avait été massivement présent dans les usines du Légué, puis de Ploufragan. Il était présent dans les chaudières à gaz fabriquées à des centaines de milliers d'exemplaires, mais aussi dans les équipements comme les fours de cuisson ou encore dans la toiture. Et les patrons n'ont jamais rien fait pour protéger les salariés.

En effet, pendant plusieurs dizaines d'années, les différents propriétaires les ont exposés sciemment aux poussières d'amiante, sans aucune protection particulière, ni information sur les risques encourus. Tout au plus, quelques dizaines de salariés ont-ils bénéficié d'un suivi médical particulier sur la dernière période, à savoir après 1996, date de l'interdiction de l'utilisation de l'amiante en France. Ce suivi a minima n'a pas empêché plusieurs dizaines d'anciens salariés de développer la maladie et plusieurs sont décédés du cancer de la plèvre.

Le danger n'est donc pas écarté pour les centaines d'anciens salariés de Chaffoteaux et leurs craintes sont réactivées chaque fois qu'ils doivent aller consulter leur pneumologue.

La loi limitant dans le temps le droit de faire reconnaître le préjudice d'anxiété, quelques 276 autres anciens salariés ont décidé, eux aussi, tant qu'ils en avaient encore le droit, de se faire entendre devant les Prud'hommes, comme les centaines d'autres qui avaient réussi à faire condamner le groupe Merloni auparavant.

Le 24 septembre, une nouvelle séance du conseil des prud'hommes s'est tenue dans un amphithéâtre de la faculté pour plus de 140 d'entre eux, les 130 autres devant suivre le 1er octobre - il n'y avait pas de salle assez grande à Saint-Brieuc pour accueillir le tribunal et les 276 anciens salariés ! Mais la séance a tourné court. Les salariés n'ont même pas eu à plaider leur cause car l'avocate des patrons a préféré leur proposer une transaction financière plutôt que de se voir une nouvelle fois condamnée.

Pour tous les anciens salariés de Chaffoteaux, ce combat était important, en particulier pour ceux qui ont été licenciés en 2009, date à laquelle le groupe Merloni avait décidé de fermer définitivement l'usine de Ploufragan et de licencier l'ensemble du personnel de production.

L'indemnisation acquise ne règle pas tous les problèmes, notamment celui de la responsabilité des patrons dans le scandale de l'amiante qui est sans doute un des plus grands scandales sanitaires de ces dernières années.

Mais la condamnation d'un grand patron ne peut qu'encourager tous les autres travailleurs exposés à défendre leurs droits.

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