Nouveau ministre, vieilles idées : La Macron économie03/09/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/09/une2405.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Nouveau ministre, vieilles idées : La Macron économie

C'est donc Emmanuel Macron qui succède à Arnaud Montebourg au ministère de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique. Cet énarque, ex-banquier, ex-secrétaire adjoint de l'Élysée, ex-conseiller économique de François Hollande qui affectionne les banquiers à ce poste, venait de quitter ses fonctions élyséennes. Il a été rappelé en urgence et devrait convenir au Medef, puisque c'est lui qui avait conseillé le pacte de responsabilité.

Macron avait failli être ministre du Budget dans Valls I, mais Hollande l'avait refusé : il n'était pas élu. Au vu de l'urgence, cet obstacle a été effacé. Au moins, avec Macron, il n'y aura pas de surprise comme avec Cahuzac. Il est connu qu'il a très bien réussi comme banquier chez Rothschild, notamment en négociant le rachat par Nestlé d'une filiale des laboratoires Pfizer, une transaction de 9 milliards d'euros qui lui a permis, bonus oblige, de devenir millionnaire.

Sous Sarkozy, Macron a aidé Attali à imaginer les mesures permettant de « libérer la croissance ». Sous Hollande, outre le pacte de responsabilité, il a été un artisan de la poursuite des hausses d'impôts initiées par Sarkozy. Comme l'avait déclaré l'ex-patronne du Medef, Laurence Parisot, c'était alors « un précieux relais de la voix des entreprises. Il a été le premier à comprendre les exigences de la compétitivité. »

Adversaire déclaré de la taxation des hauts revenus à 75 %, il est opposé aux hausses de salaire et à la lutte des classes : pour lui, « si on reste dans un critère classique de lutte de classes, et donc de division de la collectivité au sein de l'entreprise, alors on continuera à creuser l'impasse dans laquelle on se trouve ». La seule lutte qui vaille à ses yeux est « la conquête de nouveaux marchés et de nouveaux clients ». Un credo qu'il a réaffirmé lors de sa prise de fonctions.

À peine Macron était-il nommé que paraissait dans Le Point un entretien réalisé avant sa nomination, mais qui a fait quelques vagues en remettant en cause les 35 heures. Après s'être félicité de la nouvelle fiscalité des plus-values qui, selon lui, « fait de la France un pays attractif pour les détenteurs de capitaux à moyen et long terme », il propose de passer à « l'étape deux de la modernisation du marché du travail », et donc « d'autoriser les entreprises et les branches, dans le cadre d'accords majoritaires [avec les syndicats], à déroger aux règles du temps de travail et de rémunérations », un dispositif qui existe déjà depuis juillet 2013, mais seulement pour les entreprises en difficulté. Et, bien sûr, il est pour modifier, au détriment des travailleurs, les seuils sociaux qui commandent la représentation syndicale.

Selon lui, il s'agirait de sortir les entreprises de l'horrible « piège » dans lequel elles seraient tombées : « L'accumulation des droits donnés aux travailleurs se transforme en autant de handicaps pour ceux qui n'ont pas d'emploi, en particulier pour les jeunes et les Français d'origine étrangère ». En clair, le chômage ne serait pas la faute des patrons, licencieurs ou n'embauchant pas, mais celle des travailleurs ayant à la fois un emploi et trop de droits !

Et il ajoute : « Là où être socialiste consistait à étendre toujours les droits formels des travailleurs, la réalité nous invite à réfléchir aux droits réels de tous, y compris surtout de ceux qui n'ont pas d'emploi. » On doit donc comprendre qu'aujourd'hui « être socialiste », ce serait raboter ce qui peut rester de droits aux travailleurs. Ça promet !

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