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Canada : Pour la défense de leur retraite, les employés municipaux québécois mobilisés
La loi 3, dite de « santé financière et de pérennité des régimes de retraite du secteur municipal », prétend combler les déficits de ces caisses de retraite par des hausses des cotisations des salariés d'une part, et d'autre part en lésant les retraités, dont les pensions ne seraient plus indexées sur les hausses de prix. Pourtant, quand déficit il y a, il est dû à la crise financière de 2008 et à ses conséquences sur les finances des municipalités, pas aux retraités. Mais, en bon gestionnaire des intérêts capitalistes, le gouvernement québécois veut reporter les conséquences de la crise sur les travailleurs.
Le gouvernement a d'ailleurs l'intention d'imposer ces reculs dans toutes les municipalités, y compris celles dont les caisses de retraite sont notoirement bénéficiaires. Car le but de l'opération est de s'en prendre dans la foulée aux retraites des fonctionnaires d'État. Et, surtout, un projet de loi analogue contre les travailleurs du privé et les universitaires est en préparation.
Les réactions des travailleurs ont été nombreuses et visibles dans plusieurs villes, dont Montréal et Québec. Les véhicules de pompiers et de police sont couverts d'autocollants, portant « On n'a rien volé (nous) », allusion aux scandales de corruption liant des entreprises du bâtiment et l'administration de la ville de Montréal. Cela vise des élus qui accusent les employés municipaux de dilapider l'argent public avec leurs retraites. Plusieurs manifestations à Montréal et à Québec ont regroupé de nombreux salariés et retraités.
Une manifestation a envahi l'hôtel de ville le 18 août, le jour du conseil municipal, le maire se réfugiant dans son bureau. Elle n'a plu ni au gouvernement ni aux élus de Montréal, qui ont qualifié les manifestants de vandales et les ont comparés... aux miliciens russes en Crimée - rien que ça. Des licenciements et des peines criminelles sont prévus, ainsi que des sanctions contre des policiers impliqués dans la mobilisation, parce qu'ils n'ont pas tabassé les manifestants, comme ils l'avaient fait pour les manifestations étudiantes en 2012 ! La presse accuse les travailleurs municipaux d'être des privilégiés, au prétexte que bien des travailleurs du privé auront des retraites minables.
Pour sa part, le maire de Montréal, en tant qu'ex-député, aura une retraite annuelle de 88 800 dollars canadiens (environ 65 000 euros), en plus de sa pension de maire : cet ardent défenseur de la loi 3 sait ne pas s'appliquer à lui-même ce qu'il impose aux autres.
Le gouvernement veut accélérer l'adoption de la loi 3. Manifestement, les travailleurs québécois n'ont pas l'intention de subir sa politique les bras croisés.