Calais : La détresse des migrants03/09/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/09/une2405.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Calais : La détresse des migrants

Les 30 et 31 août, en plein jour et malgré la présence policière, des dizaines de migrants ont tenté de grimper dans les camions pris dans les files d'attente sur l'autoroute qui mène au port de Calais. Cette tentative massive et simultanée témoigne de leur exaspération et de leur désespoir.

Cela fait plusieurs mois que les autorités ont intensifié la traque aux migrants autour de Calais. Au début de l'été, c'était pour ne pas nuire à l'afflux des touristes : les réfugiés devaient se faire invisibles. À la demande de la maire UMP Natacha Bouchart et sur ordre du préfet, CRS et gendarmes mobiles, massivement mobilisés, armés de la tête aux pieds, ont multiplié les opérations avec jets de gaz lacrymogène. Ils ont délogé des centaines de réfugiés, détruisant au bulldozer les camps de fortune et les squats où ils s'étaient installés, repoussant brutalement journalistes et militants associatifs pour opérer à l'abri de tout témoin. Mais à peine ces opérations aussi ignobles qu'absurdes terminées, les migrants embarqués dans des cars vers diverses destinations sont revenus. Les réfugiés, venant d'Afghanistan, de Syrie, d'Érythrée, du Soudan, continuent à converger vers Calais pour tenter le passage clandestin vers la Grande-Bretagne où ils espèrent une vie meilleure.

Leur nombre a progressé, les militants associatifs disent maintenant servir plus de 700 repas et non plus 400. Ils errent dans les rues de la ville, femmes et enfants compris, harcelés par la police ; les camps de fortunes sont réapparus.

La maire de Calais vient de proposer l'ouverture dans la ville d'un « centre d'accueil pour les exilés ». Ce n'est pas qu'elle ait été brusquement prise de compassion pour les réfugiés, elle qui a systématiquement encouragé leur harcèlement, mais elle n'a pas réussi à les faire disparaître de la commune. Le ministre de l'Intérieur, Cazeneuve, a refusé sa proposition, prétextant qu'il veut « créer les conditions d'un accompagnement le plus humain possible » et convaincre les réfugiés de déposer une demande d'asile en France. En fait, l'un comme l'autre se moquent bien des problèmes des migrants et se montrent d'abord soucieux de leur image politique.

Les grandes puissances européennes, comme la France ou la Grande-Bretagne, sont largement responsables de la guerre et de la misère qui sévissent dans les pays dont les réfugiés sont originaires. Mais tout ce que leurs dirigeants veulent faire, c'est les empêcher de venir sur leur territoire, et les cacher quand ils y sont.

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