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Dans le monde
Argentine : Chantage au défaut de paiement
L'origine de l'affaire remonte à la grave crise économique et financière dans laquelle l'Argentine fut plongée à partir de 2001. À l'époque, face à l'impossibilité pour le pays d'honorer ses dettes, 93 % de ses créanciers internationaux avaient accepté de « restructurer » cette dette, en la réduisant de 70 %, et en étalant le remboursement dans le temps. Les créanciers qui n'avaient pas accepté cette restructuration avaient revendu leurs créances au rabais à deux fonds, spécialisés dans ce type de spéculation qui prend pour cibles et pour sources de profits rapides et fructueux les États ou les entreprises en difficultés : deux fonds qualifiés, à juste titre, de vautours par les milieux financiers eux-mêmes.
Depuis que l'économie argentine est sortie des grosses difficultés, les fonds prétendent se faire rembourser à 100 % de leur valeur initiale majorée des intérêts de retard... auxquels s'ajoutent les frais de justice, les créances sur l'État argentin qu'elles détiennent ! Compte tenu du prix auquel ils les ont payées, le 1,3 milliard qu'ils réclament leur permettrait de réaliser, selon la presse, un profit de 1 600 %.
Le gouvernement argentin s'est déclaré prêt à rembourser ces spéculateurs, mais aux mêmes conditions que ses autres créanciers, c'est-à-dire avec une décote de 70 % de la valeur d'origine. Car s'il acceptait de payer les sommes réclamées par les vautours, il risquerait que tous ses créanciers remettent en cause les accords de restructuration de la dette passés et réclament d'être, eux aussi, remboursés à leur taux. Du coup le montant à rembourser pourrait dépasser les 100 milliards de dollars, ce qui dépasse, de loin, ses capacités financières.
Les deux fonds spéculatifs qui s'acharnent sur l'Argentine ont jusqu'à maintenant refusé de revenir sur leurs prétentions. Ils jouent avec le feu en prenant le risque d'un défaut de remboursement, réel celui-là, de l'Argentine et de replonger le pays et sa population dans la crise. Mais peu leur importe, après eux le déluge.
Au-delà de l'Argentine, qui n'en est pas la seule victime, les agissements irresponsables de ces fonds vautours, comme d'ailleurs de tous les fonds qui s'enrichissent de la spéculation, sur les matières premières, les denrées alimentaires, ou tout autres produits, constituent une grave menace pour les populations du monde.