Gaza : Le massacre des Palestiniens continue30/07/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/08/une2400.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Gaza : Le massacre des Palestiniens continue

Alors que la guerre menée par l'armée israélienne contre la population palestinienne de Gaza dure depuis plus de trois semaines, le Premier ministre israélien Nétanyahou a annoncé le 28 juillet qu'Israël devait se tenir prêt à une « longue campagne » militaire.

La neutralisation des tunnels du Hamas et de ses tirs de roquette justifie aux yeux du gouvernement israélien le déluge de feu qu'il déverse sur la bande de Gaza, où l'armée israélienne mène une guerre aveugle et sanglante contre 1,8 million de Palestiniens de l'enclave. Certains quartiers ne sont plus que des champs de ruines. La seule centrale électrique a été détruite. Sans électricité, avec des eaux qui ne sont plus traitées, une catastrophe sanitaire se fait jour. On compte déjà plus de 1 500 morts dont plusieurs centaines d'enfants et près de 6 500 blessés. 80 % des victimes sont des civils. 215 000 personnes ont dû fuir leurs habitations.

Dans une interview accordée récemment au journal Le Monde, une urgentiste de Médecins sans frontières (MSF), seule ONG à être présente à Gaza, expliquait qu'à l'hôpital Al-Shifa de Gaza, « un patient sur deux qui arrive est déjà mort ... Nous recevons une bonne moitié de femmes et d'enfants. Les enfants sont complètement choqués, traumatisés. Quand on entend un enfant pleurer aux urgences, c'est rassurant pour nous, plutôt que de voir un enfant complètement mutique ».

La terreur comme moyen politique

Face à un tel massacre, beaucoup se demandent ce que recherchent les gouvernants israéliens. Jusqu'où veulent-ils aller ? Pourquoi écraser ainsi la population palestinienne ?

À ces interrogations il n'y a qu'une réponse : cet acharnement à massacrer la population palestinienne est une constante de la politique de l'État d'Israël qui s'est construit sur les dépossessions des Palestiniens, le vol de leurs terres et leur expulsion. C'est ainsi que s'est créé Israël dans les frontières qui sont aujourd'hui les siennes et c'est ainsi qu'il continue de s'étendre, par la colonisation, à Jérusalem Est et en Cisjordanie. Se trouvant dans l'impossibilité de contrôler Gaza, les Israéliens s'en sont retirés, transformant le territoire en prison à ciel ouvert, fermant ses frontières, contrôlant son espace aérien, contrôlant toutes les entrées et sorties de marchandises... Et quand les responsables de l'armée pensaient devoir bombarder, y compris aveuglément, ou assassiner certains des dirigeants palestiniens, ils ne se sont nullement gênés s'estimant être en pays conquis même s'ils n'occupaient plus la bande de Gaza.

Depuis le retrait des colons et de l'armée israélienne de Gaza en 2005, l'État d'Israël y a mené quatre grandes offensives militaires : « Pluies d'été » en 2006, « Plomb durci » en 2008-2009 qui s'est soldée par plus de 1 400 morts côté palestinien, « Pilier de défense » en 2012 et la dernière en cours, « Bordure de protection » depuis le 8 juillet 2014. Cela signifie par exemple que les enfants de Gaza âgés aujourd'hui de dix ans ont déjà vécu quatre guerres.

Gaza est formellement indépendante mais sa population n'a aucun droit, aucune liberté et vit dans un minuscule espace d'où elle ne peut sortir, prisonnière qu'elle est d'un blocus qui dure depuis huit ans.

Nous ne faisons que répondre aux terroristes du Hamas, clament les dirigeants israéliens, soutenus par leurs tuteurs occidentaux qui justifient la terreur qu'impose Israël par son droit de protéger sa population. C'est là encore un mensonge. Si l'objectif des dirigeants israéliens avait été de rechercher un accord avec les Palestiniens, ils auraient maintes fois pu le réaliser en acceptant les demandes de l'Autorité palestinienne qui non seulement avait reconnu Israël, mais avait accepté après la signature des accords d'Oslo de contrôler la population palestinienne, comme le leur demandaient les dirigeants israéliens, jusqu'à devenir en certaines occasions, les supplétifs de l'armée d'occupation.

En fait, c'est toujours l'État d'Israël qui a bloqué toute avancée vers la reconnaissance des droits nationaux des Palestiniens. Cette politique menée par des gouvernements de gauche et de droite, qui s'est toujours accompagnée d'une extension de la colonisation, a eu pour conséquence de renforcer l'extrême droite religieuse ou laïque, pour lesquelles les frontières naturelles de l'État d'Israël vont de la Méditerranée au fleuve Jourdain.

Aujourd'hui, la multiplication des colonies en Cisjordanie est telle que ce territoire a été comparé à une « peau de léopard », partagé entre les régions plus ou moins contrôlées par les autorités palestiniennes et celles relevant des autorités israéliennes. Comme les bantoustans d'Afrique du Sud du temps de l'Apartheid, les enclaves autonomes palestiniennes ne constituent pas une entité géographique continue, rendant bien difficiles les conditions de l'existence d'un État palestinien viable. C'est d'ailleurs là le but non avoué de la plupart des dirigeants israéliens.

Cette politique fondée sur le refus d'accorder quelques droits que ce soit aux Palestiniens a déjà provoqué plusieurs Intifadas. Et à chaque fois, ce fut le même scénario. En réponse aux attentats, les dirigeants israéliens ont conquis toujours plus de terre, ont érigé des barrières toujours plus hautes et toujours plus infranchissables, ont restreint la liberté de circulation des Palestiniens.

L'impérialisme complice de l'État d'Israël

La guerre menée par le gouvernement israélien contre la population civile à Gaza bénéficie du soutien de toutes les grandes puissances, au premier rang desquelles les États-Unis, dont Israël est le principal allié dans la région. Les États-Unis, ni aucune autre grande puissance, n'ont jamais menacé l'État d'Israël de représailles pour faire appliquer les nombreuses résolutions de l'ONU demandant le retrait des troupes israéliennes des territoires occupés depuis 1967. Ils n'ont pas non plus poursuivi les dirigeants israéliens pour crimes de guerre suite aux bombardements aveugles de quartiers civils ou pour l'utilisation d'armes prohibées par le « droit international ».

Si l'Europe et l'Amérique sont promptes à appliquer des sanctions économiques à l'encontre de la Russie, par exemple, l'État d'Israël, lui, reste protégé, choyé même. Ainsi, aucun droit de douane n'est mis à l'entrée des produits israéliens en Europe à l'exception depuis 2013 de ceux produits dans les « territoires occupés », interdiction qu'Israël peut facilement tourner. C'est dire si l'Europe et les États-Unis, principal bailleur de fonds, auraient des moyens de pression à l'encontre d'Israël, mais qu'il n'est pas pour eux question d'imposer quoi que ce soit à un fidèle allié au Proche-Orient, si efficace contre les peuples.

L'impasse politique du nationalisme

La paix et la sécurité tant promises à la population israélienne par les dirigeants de l'État d'Israël depuis près de 70 ans ne sont pas prêtes de se réaliser du fait de la politique volontairement poursuivie. Le nationalisme juif, le sionisme, a toujours considéré les Palestiniens comme une population à vaincre pour l'obtention de la terre dite « promise » ; il a toujours traité les populations arabes comme des ennemis. En devenant le geôlier du peuple palestinien, la population israélienne s'est elle aussi privée de liberté, obligée qu'elle est de vivre dans un état de guerre permanent.

Cette politique a fini par jeter dans les bras du Hamas une partie de la jeunesse et de la population palestiniennes. Le Hamas n'a pas pour autant de réelle perspective à offrir. Son programme, fondé sur la charia et un nationalisme lui aussi exacerbé, ne peut à lui seul modifier les rapports de force. Sans la sympathie affichée, sans l'appui d'une partie importante de la population israélienne à leurs revendications, les Palestiniens se trouvent en position de faiblesse. Les droits nationaux et la fin du blocus qu'ils revendiquent ne pourront être facilement obtenus, si de nombreux Israéliens ne sont à leurs côtés. Mais un tel objectif ne peut se réaliser que si les clivages religieux ou nationalistes sont dépassés, que si les pauvres, les travailleurs des deux pays affichent d'abord et avant tout leurs intérêts communs.

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