États-Unis : La barbarie d'État30/07/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/08/une2400.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : La barbarie d'État

Le dernier condamné à mort exécuté en Arizona le 23 juillet a agonisé pendant deux heures, suite à une injection létale défaillante. Ce drame a relancé le débat sur la peine de mort dans le pays présenté comme le plus développé de la planète.

D'autant plus que ce n'est pas la première fois qu'une exécution tourne à la torture : en janvier dans l'Ohio, fin avril en Oklahoma, deux condamnés ont mis de longues minutes à mourir. En cause, les difficultés pour l'administration pénitentiaire américaine à se procurer les produits servant à faire les injections létales. Fin 2009, les USA se rendant compte que leurs stocks étaient quasiment périmés et que le laboratoire américain avait cessé sa production, se sont donc tournés vers des laboratoires, notamment européens. Mais ceux-ci, face à une importante campagne de presse des associations américaines anti-peine de mort, ont choisi, la plupart du temps, de ne plus fournir ces produits aux administrations pénitentiaires américaines. Ces dernières, prêtes à tout pour se procurer ces produits, les ont fait fabriquer par des préparateurs en pharmacie, sans que ces produits n'aient reçu l'agrément de la Food and Drugs Administration qui contrôle les produits pharmaceutiques et alimentaires. Aujourd'hui, devant le scandale provoqué par ces exécutions ratées, les États américains où la peine de mort est appliquée envisagent le recours à la chaise électrique ou au peloton d'exécution... La cruauté le dispute au sordide.

Car le problème n'est pas de rendre l'exécution plus douce. Aux États-Unis, 3 000 prisonniers attendent dans le couloir de la mort, souvent depuis des dizaines d'années. La moitié d'entre eux sont des Afro-américains, condamnés pour la plupart pour des crimes contre des Blancs, et souvent jugés par des jurys blancs. Cette année, 26 exécutions ont déjà eu lieu, mais deux condamnés ont également été innocentés des crimes dont ils étaient accusés. L'un d'entre eux avait passé 28 ans dans le couloir de la mort. Combien d'autres innocents attendent ainsi ?

Bien sûr, tous ne sont pas innocents, mais que dire d'une société qui condamne l'assassinat en le légalisant ? Car la peine de mort, c'est bien cela : la sanction mortelle et irréversible d'une justice bien souvent discriminatoire et raciste, incapable de régler les problèmes de violence autrement que par la barbarie. Qu'elle soit institutionnelle n'y change rien, la seule mesure juste en la matière serait l'abolition pure et simple de la peine de mort.

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