En fait, il s'agissait de cadres du service déguisés avec short, maillot, peintures, brandissant des drapeaux, faisant usage de corne de brume et braillant, pour soutenir les équipes en course pour la victoire... des meilleurs vendeurs de produits de La Poste !

Les « challenges », c'est-à-dire la mise en concurrence des équipes et des salariés, se succèdent tout au long de l'année. Cette fois, chaque service a reçu le nom d'une équipe nationale et devait concourir à la victoire... attribuée à celles et ceux qui auraient « accroché » le plus de clients, transférés ensuite vers les conseillers financiers. Un classement des « meilleurs » agents, du « meilleur » service au moins bon, s'affichait sur les écrans de communication interne.

C'est donc pour « motiver » les agents que les pseudo-supporters ont débarqué, braillant au point que des clients au téléphone se sont même inquiétés de ce qui se passait... ce qu'il faut absolument éviter le reste de l'année, puisque ces mêmes cadres font la chasse aux discussions individuelles, aux rires, au prétendu manque de réactivité aux appels téléphoniques. Cela s'ajoutant bien entendu aux divers moyens de surveiller le travail des agents, dont l'écoute des conversations avec les clients.

Ces clowneries grotesques tentent de masquer les pressions insupportables que la direction de La Banque postale et de La Poste mettent en place pour augmenter la productivité. Dans son dernier bilan, elle se vante d' « un développement commercial soutenu, se traduisant par des résultats opérationnels en croissance ». Résultats qu'elle souhaite encore amplifier, le PDG ayant annoncé, dans le cadre du projet « conquérir l'avenir », la poursuite de la baisse des effectifs, la réduction des coûts d'exploitation, c'est-à-dire la poursuite de la dégradation des conditions de travail.

À force de mépriser, d'humilier les postiers, dont certains encadrants qui rechignent voire parfois refusent de jouer à de tels « jeux », ils finiront par créer le challenge de trop.