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- Lutte ouvrière n°2398
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Leur société
Apprentissage : Un moyen pour baisser les salaires
À la fin de la Conférence sociale tenue début juillet, Hollande est revenu sur l'apprentissage, qui serait selon lui une des pistes pour faire baisser le chômage. Il a même évalué à 500 000 le nombre d'emplois qui pourraient être créés d'ici à 2017, comme s'il en savait quelque chose ! Valls, de son côté, a promis de rétablir l'aide à l'apprentissage à son niveau précédent, chaque année 1 000 euros par apprenti, quelle que soit la taille de l'entreprise et non plus seulement dans celles de moins de dix salariés.
L'apprentissage peut être une solution pour ceux qui ont du mal à s'adapter au système scolaire, ou pour les métiers artisanaux très pointus dans lesquels le faible nombre d'élèves intéressés ne permet pas à l'Éducation nationale de prendre en charge leur formation sur un plan national. La formation, dispensée à la fois par le maître d'apprentissage et par les chambres de métiers patronales, prépare essentiellement à des CAP ou BEP. Mais ce n'est pas cela qui intéresse le grand patronat qui, par la voix du Medef, déplore le manque de qualifications des apprentis arrivant sur le marché du travail. Les patrons voudraient bien en embaucher... à condition qu'ils aient au moins le niveau Bac + 2 !
Autrement dit, une fois les jeunes formés par l'État jusqu'aux études supérieures, les patrons seraient prêts à leur ouvrir les portes de leur entreprise, non pas en tant que salariés, mais comme apprentis, avec un salaire correspondant à ce statut, allant de 53 % du smic la première année à 78 % la troisième.
Voilà le véritable enjeu de l'apprentissage tel que le souhaite le Medef : pouvoir sous-payer une partie des travailleurs et faire ainsi pression sur l'ensemble des salariés. Hollande ne l'ignore pas, lui qui il y a à peine deux mois proposait que l'on étende aussi l'apprentissage aux seniors sans emploi ! Mais il ne pouvait perdre une occasion d'aller au devant des souhaits des patrons.