Steelcase - Wisches (Bas-Rhin) : À l'annonce de la fermeture, la colère des travailleurs !09/07/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/07/une2397.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Steelcase - Wisches (Bas-Rhin) : À l'annonce de la fermeture, la colère des travailleurs !

L'annonce de la fermeture de l'usine Steelcase de Wisches, un village au fond de la vallée de Schirmeck, et du transfert de la production en Espagne et en Tchéquie, est tombée il y a quinze jours pour les 300 salariés dont une centaine de travailleurs intérimaires.

Steelcase, qui fabrique du mobilier de bureau et se présente comme le leader mondial dans ce domaine, avait déjà fermé fin 2010 une usine à Marlenheim avec 120 travailleurs licenciés et 80 transférés à l'usine de Wisches justement. Les 80 rescapés, si l'on peut dire, ne se faisaient guère d'illusion sur la prétendue pérennité de l'usine de Wisches. Alors, le premier moment d'abattement passé, la colère a pris le dessus.

D'autant que la direction multiplie les provocations : comme le travail n'a pas vraiment repris après l'annonce de la fermeture, elle a proposé une prime de 70 euros si les ouvriers reprenaient le travail car, selon elle, il y a du travail jusqu'en décembre, c'est-à-dire jusqu'à la fermeture. Cette proposition n'a fait que jeter de l'huile sur le feu et même si la direction est montée jusqu'à 200 euros cela n'a rien changé. Depuis, les travailleurs sont mobilisés pour faire entendre leur colère. Ils ont rencontré beaucoup de sympathie parmi la population d'une région qui est sinistrée depuis des dizaines d'années, après la disparition des usines textiles et avec des entreprises qui licencient régulièrement.

Vendredi 4 juillet, environ 200 travailleurs ont fait le déplacement au siège de Steelcase à Schiltigheim, dans la banlieue de Strasbourg. Des anciens de Marlenheim étaient venus les accompagner ainsi que des délégations d'autres usines de la région. Une grosse partie des travailleurs ont pénétré dans le siège, fait une promenade dans les bureaux quasi vides - la direction avait fortement encouragé les employés à prendre des RTT - avant de se retrouver face au directeur et à la DRH qui n'en menaient pas large. Le délégué de la CGT a ouvert le feu en leur demandant de s'expliquer devant les travailleurs sur les raisons de la fermeture, sur la garantie que les salariés ne seraient pas abandonnés à Pôle emploi.

Lorsque le directeur a osé dire qu'il était sensible à leur situation, des huées et des cris de colère l'ont immédiatement interrompu. L'exaspération est encore montée d'un cran lorsqu'il a voulu expliquer qu'il ne fermait pas l'usine mais transférait la production ailleurs et que Steelcase ferait tout ce qui était possible pour qu'il y ait un repreneur. L'ex-représentant syndical de Marlenheim, un des organisateurs du mouvement en 2010, a alors pris la parole pour le traiter de menteur, rappelant que 80 % de ceux qui ont été licenciés alors n'ont pas retrouvé d'emploi, si ce n'est au mieux quelques missions d'intérim. « Dites-nous pourquoi vous délocalisez, allez dites-le, que c'est pour faire encore plus de fric ! », dénoncèrent certains.

Le directeur ayant repris la parole pour dire que l'usine avait perdu 6 millions d'euros depuis le début de l'année, cela a été un tollé car tout le monde sait que c'est une goutte d'eau dans les profits de Steelcase. Pendant près d'une heure, les travailleurs ont exprimé leur colère et ils ont fini la séance sur la promesse qu'il n'en avait pas fini avec eux et que la prochaine fois, ils ne seraient peut-être pas aussi gentils. « Vous nous pourrissez la vie, eh bien comptez sur nous pour vous pourrir votre été », a lancé l'un d'eux avant de quitter la salle.

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