Et il est sûr que ces ministres sont loin, très loin des préoccupations de la plupart des travailleurs. Le plus riche est Laurent Fabius, dont la fortune déclarée est estimée à plus de 5 millions d'euros. Il est suivi par Jean-Marie Le Guen, qui a commencé par faire une déclaration minorée de 700 000 euros. Épinglé par le fisc, il a dû reconnaître la véritable valeur de ses biens immobiliers et déclarer 2,6 millions d'euros de fortune. Ce mensonge lui vaudra peut-être d'être accusé de fraude fiscale ! Quant au Premier ministre, Manuel Valls, sa fortune personnelle se monte à 605 412 euros et a connu une augmentation de 43 924 euros.

Faut-il s'en étonner ? Non, bien sûr. Ceux qui à longueur de journée prônent l'austérité, l'effort que chaque travailleur doit faire pour redresser l'économie, le font pour que la bourgeoisie, les patrons et les banquiers puissent continuer à s'enrichir. Et ils sont grassement rétribués pour le faire.

Pour autant, ces chiffres sont l'arbre qui cache la forêt. Car si ces montants sont élevés, ils sont peu de chose face aux fortunes des grands patrons. Ainsi la première fortune de France, celle de Gérard Mulliez, le PDG d'Auchan, s'élèverait à 24,55 milliards d'euros, celle de Liliane Bettencourt, principale actionnaire de L'Oréal, à 21,66 milliards d'euros. La famille Dumas, Puech et Guerrand est ex-aequo avec les héritiers d'Hermès et posséderait 18 milliards d'euros.

Et ce sont les chiffres que ces bourgeois daignent déclarer au fisc, car au fond personne ne sait combien ils possèdent réellement. Bettencourt s'était illustrée en montrant qu'elle avait oublié ... qu'elle possédait toute une île dans le Pacifique. Les Mulliez, eux, refusent d'annoncer clairement, au milliard près, leurs possessions. Tous ces bourgeois estiment être au-dessus des lois et ne devoir aucun compte, ni aux travailleurs qu'ils licencient pour augmenter leurs fortunes, ni aux États qui les servent.

Alors, la publication du patrimoine des élus n'est qu'une feuille de vigne. Ce qu'il faudrait, c'est que les travailleurs d'Auchan, de L'Oréal, aidés des employés de banque, des aides-comptables, contrôlent la fortune des patrons milliardaires. Là, ce serait vraiment une leçon de choses.