Nathalie Arthaud : « Contre l'exploitation, pas de recette miracle »22/05/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/05/une2390.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Elections européennes

Nathalie Arthaud : « Contre l'exploitation, pas de recette miracle »

Intervenant après Jean-Pierre Mercier, Nathalie Arthaud a notamment dénoncé tous ceux qui, dans cette campagne, agitent des miroirs aux alouettes pour éviter de poser le vrai problème, celui du système capitaliste.

Faire croire que l'État-nation pourrait protéger les travailleurs est une escroquerie. Croire que le repli sur les frontières nationales et le protectionnisme pourraient être d'un quelconque secours pour les travailleurs est un leurre.

Le protectionnisme, prétendument solidaire version Mélenchon, ou gouvernemental version Montebourg, n'est pas meilleur que le protectionnisme xénophobe de Le Pen. Il forme un seul et même piège. Le protectionnisme, c'est d'abord des taxes en plus pour les consommateurs.

Tout le monde se plaint des taxes et des augmentations d'impôt, mais le protectionnisme c'est un impôt supplémentaire sur tout ce qui est importé. Les produits bon marché, qui permettent justement aux plus pauvres de joindre les deux bouts, seront renchéris. C'est sûr que cela ne posera pas de problème aux riches, mais aux familles populaires, si.

La baisse de l'euro, voire la sortie de l'euro aura les mêmes conséquences. Car baisser la valeur de l'euro, c'est aussi augmenter le prix de tout ce qui est importé, et en particulier celui du pétrole. Pour tous les travailleurs qui hésitent à faire le plein de carburant, ce sera bien plus difficile encore.

L'objectif de toutes ces mesures protectionnistes est, nous dit-on, de remplacer les produits d'importation par des produits « made in France ». À condition que ces messieurs les capitalistes veuillent bien investir et trouvent un quelconque avantage à produire ces produits en France.

Prenez le secteur du bâtiment. Il manque un million de logements à des prix abordables pour un salaire de travailleur. C'est un secteur protégé de la concurrence, du tout cuit pour les Bouygues, pour les Vinci et autres marchands de béton. Mais ce n'est pas assez rentable à leur goût, et ils préfèrent se lancer dans des partenariats public-privé juteux, voire dans la construction de tours de 800 mètres de haut à Dubaï...

Faire croire que le protectionnisme, via des taxes ou la baisse de la monnaie, relancera automatiquement la production, l'industrie, la croissance et les emplois est une fumisterie. Croire d'ailleurs que l'on pourrait arrêter les importations tout en continuant de vendre nos propres produits à l'étranger est une escroquerie.

Le protectionnisme, ce n'est pas la fin de la guerre commerciale, c'est son aggravation. C'est une déclaration de guerre dans la guerre. C'est plus de frontières séparant les peuples, plus d'insanités patriotiques. Car le protectionnisme est l'expression économique du nationalisme, ce sont les deux faces d'une même pièce. Et faut-il rappeler que le protectionnisme des années 1930 a débouché sur la Deuxième Guerre mondiale ?

Non, le protectionnisme n'est pas la recette miracle pour que ce système tourne rond pour les exploités. Il ne le peut pas ! Les travailleurs n'ont pas à choisir entre être exploité à la sauce libre-échange ou protectionnisme, ils ont à se battre contre l'exploitation.

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