Federal Mogul - Chasseneuil-du-Poitou (Vienne) : Une fermeture qui vient de loin22/05/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/05/une2390.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Federal Mogul - Chasseneuil-du-Poitou (Vienne) : Une fermeture qui vient de loin

Début avril, la direction de l'usine Federal Mogul, située près de Poitiers, où sont fabriqués des pistons en aluminium pour moteurs diesel pour l'industrie automobile, annonçait la fermeture pour la fin 2014.

Interrogés par les syndicats, les mêmes patrons juraient pourtant, mi-février, que le site poitevin n'était pas menacé. Cette usine, contrôlée depuis 1998, par la multinationale nord-américaine éponyme - 44 000 travailleurs à travers le monde - regroupe encore 241 travailleurs (après en avoir compté jusqu'à 850, en 1983) avec une moyenne d'âge de 48 ans. Avec les sous-traitants, selon les syndicats, ce ne sont pas moins de 700 emplois qui sont sur la sellette. Si les effectifs ont connu une baisse continuelle, la production est toujours restée à un niveau élevé, témoignant d'une exploitation accrue dans les ateliers.

La direction n'a jamais été à court de pressions et de promesses pour faire passer des reculs. Après des suppressions de postes en 2009, elle avait exercé un chantage en 2011, sous forme de référendum, en promettant l'installation d'une nouvelle chaîne de production et le maintien des emplois jusqu'en 2015 au moins, contre une baisse de salaire sous la forme d'abandon de jours de RTT et d'allongement du temps de travail. Cet ultimatum fut alors avalisé par les deux syndicats CGT et FO. La nouvelle chaîne fut bien installée... mais n'a jamais fonctionné et a fini par être transférée, en partie, sur un autre site de production. Aujourd'hui, la direction met en avant la stagnation du marché automobile pour justifier son plan de fermeture et la pression de ses donneurs d'ordres (PSA et Renault) pour imposer une baisse des prix des pistons.

Les syndicats ont été reçus fin avril au ministère des Finances. Des conseillers d'Arnaud Montebourg ont alors annoncé qu'ils allaient « rencontrer rapidement la direction de Federal Mogul pour connaître leur stratégie ». Seul résultat, les pouvoirs publics parlent maintenant de trouver un « repreneur de puissance internationale ». Mais un repreneur de quoi ? La direction a, peu à peu, vidé le site de son banc d'essai, de son bureau d'études, etc. Bref, derrière ces phrases ronflantes, l'État n'entend rien imposer aux actuels actionnaires.

Après un rassemblement le 7 mai, à l'occasion du comité central d'entreprise à Chasseneuil, un autre a eu lieu lors de la journée de mobilisation de la fonction publique, le 15 mai au matin, à l'appel de la CGT métallurgie (avec la présence de délégations de Valéo, des Fonderies du Poitou, de Magneti Marelli...). Les travailleurs de Federal Mogul ont alors rejoint les cortèges à Poitiers et à Châtellerault, l'après-midi.

Les patrons auraient bien des moyens de maintenir l'emploi sur le site, en prenant sur leurs profits accumulés qui atteignent déjà 40 millions de dollars pour le seul premier trimestre 2014, ce que ni eux ni les politiciens à leur service n'envisagent une seule seconde. Lors du dernier rassemblement, des grévistes ont projeté - avec raison - de s'adresser aux travailleurs d'autres usines. Dans la Vienne comme ailleurs, bien des travailleurs, de la Fonderie Saint-Jean à Ingrandes, en passant par CEIT et Kongskilde à Loudun, etc., ont des raisons de défendre leurs emplois, tant les lendemains semblent incertains.

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