Communes, départements, régions : Menaces de suppressions d'emplois14/05/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/05/une2389.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Communes, départements, régions : Menaces de suppressions d'emplois

Les communes, communautés de communes et d'agglomération, départements et régions emploient quelque 1,9 million de travailleurs, autant que l'État.

Contrairement à ce qu'on entend, les derniers chiffres disponibles, se rapportant à 2011, indiquent non pas une envolée mais une stabilisation des effectifs : + 0,2 % par rapport à 2010. Et si l'on remonte à trente ans en arrière, l'augmentation des effectifs est liée en premier lieu à ce qu'une grande partie des tâches, utiles à la population, ont été abandonnées par l'État et transférées à la charge des collectivités à travers deux vagues de « décentralisation », en 1982-1983 sous la gauche (Mitterrand) puis en 2003 sous la droite (Chirac-Raffarin-Sarkozy).

La majorité actuelle préfère passer cela sous silence pour dénoncer des « doublons », avançant qu'il serait possible d'économiser entre 12 et 25 milliards d'euros, soit 5 à 10 % sur un budget total de 250 milliards d'euros en simplifiant ce qu'elle nomme le « mille-feuille territorial ». Ces chiffres budgétaires sont en baisse. Le budget total des départements se monte, lui, à 71 milliards d'euros, consacrés pour les neuf dixièmes à l'entretien des collèges et de la voirie, à la compensation du handicap, à la distribution du RSA et à des aides sociales. Si les conseils généraux disparaissent, qui assumera ces dépenses ? Et s'ils subsistent, auront-ils les moyens nécessaires ?

Le gouvernement fait pression sur les collectivités locales pour qu'elles diminuent leurs dépenses, en prétendant que la réforme territoriale leur en donnera les moyens. En réalité, cela ne pourrait se faire que par une dégradation des services publics liée à un plan social qui ne dit pas son nom, comme il en existe par exemple à La Poste au fil des restructurations. Conséquence, il y aura encore moins de personnel qu'aujourd'hui dans les crèches, moins d'entretien des collèges, etc.

La polémique sur la réforme territoriale constitue une diversion pour escamoter une très forte diminution de la dotation de l'État aux collectivités locales, déjà gelée depuis 2011. Après avoir perdu 1,5 milliard en 2014, ce sont 3,5 milliards d'euros dont les communes, les départements et les régions devront se passer l'année prochaine. En 2017, la baisse devrait atteindre 30 % par rapport à 2013 !

Une telle diminution suppose une coupe claire dans les effectifs, d'autant plus importante que bien des collectivités sont alimentées essentiellement par de l'argent de l'État. Car Strauss-Kahn, ministre des Finances de Jospin, puis Sarkozy ont fait en sorte que la contribution du patronat au financement des collectivités locales soit payée en grande partie par l'État.

Déjà, le non-remplacement des départs en retraite du personnel territorial s'est accentué, ainsi que la précarité. La bagarre politicienne sur la réforme territoriale cache (mal) un plan gigantesque de suppressions d'emplois qui, lui, mérite une riposte d'ensemble.

Partager