Négociations sur le compte-pénibilité : Les patrons crient sans avoir mal02/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/04/une2383.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Négociations sur le compte-pénibilité : Les patrons crient sans avoir mal

À peine entamées, les négociations entre les patrons et les syndicats sur le compte-pénibilité, le patronat prétend ni plus ni moins être saigné à blanc par de nouvelles surcotisations ! On se souvient que le compte-pénibilité a été instauré au moment de la « réforme » des retraites qui allongeait le temps de travail à 43 annuités. La CFDT avait même prétendu que ce « dispositif progressiste » justifiait sa signature de cette attaque manifeste contre les travailleurs.

Aujourd'hui le patronat renâcle même à lui laisser son hochet. Et Laurent Berger de s'insurger... sur son blog : « Comment ces organisations patronales peuvent-elles oser combattre un dispositif qui traite la question de l'injustice causée par la pénibilité du travail ? L'écart d'espérance de vie entre les catégories sociales s'élève à près de sept ans ! » Pourtant ce dispositif ne protège en rien les travailleurs.

Pour justifier son opposition, le patronat prétend d'abord que ce dispositif est une véritable « usine à gaz » qui va l'obliger à multiplier la paperasserie. Mais c'est surtout pour les salariés que le dispositif est complexe. Ainsi, il ne compte pas moins de dix facteurs : travail de nuit, charges lourdes, travail répétitif, horaires variables... Mais il faudra juger aussi bien de l'intensité que de la durée d'exposition à cette nuisance. Par exemple, pour rentrer dans ce dispositif, le salarié devra travailler de nuit plus de quinze fois par mois. De la même manière, il devra faire la preuve qu'il a poussé ou tiré ou porté 7,5 tonnes par jour plus de dix jours par mois. Autant dire que les travailleurs devront s'accrocher pour faire valoir « cette pénibilité », tant il est vrai que les patrons sont passés maîtres, partout - et surtout dans les entreprises où il n'y a aucune organisation des travailleurs - dans l'art de sous-évaluer la charge de travail.

Mais après avoir franchi cette étape où le travailleur devra faire la preuve de la pénibilité de son travail, qu'est-il en droit d'espérer ? « Chaque trimestre d'exposition à un facteur de pénibilité ajoute un point au compte ou deux points en cas d'exposition à plusieurs facteurs. » ! Quelqu'un, qui aurait travaillé de nuit et porté chaque nuit 7,5 tonnes par mois, aurait droit, au bout de quinze trimestres, à un trimestre sur sa retraite, car les vingt premiers points gagnés sont obligatoirement réservés à... la formation.

Autant dire que les craintes des patrons de voir de nombreux travailleurs prendre une retraite anticipée relèvent du pur fantasme.

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