Au lycée Suger de Saint-Denis, élèves et enseignants ont été stupéfaits en apprenant que Thaïs, une élève de 20 ans de première bac pro photo, avait reçu une obligation de quitter le territoire français dans les trente jours. Ayant fait une demande de régularisation, elle était confiante puisqu'elle remplissait les conditions de la circulaire Valls, à savoir cinq ans de présence en France et au moins trois de scolarisation.

Depuis cinq ans, Thaïs a construit sa vie ici, avec sa mère, ses frères, ses amis. Elle a appris le français, qu'elle maîtrise parfaitement, et a obtenu un CAP. Si l'on reprenait les termes de Valls, on pourrait dire que c'est une jeune fille parfaitement intégrée. Mais il faut croire que les propos du ministre sur les étrangers qui veulent s'intégrer ne l'intéressent pas lui-même.

Quand les camarades de Thaïs ont appris que leur amie était menacée, elles ont aussitôt lancé une pétition. L'indignation était générale au lycée et il a été décidé d'organiser un rassemblement devant l'établissement, avec passage dans les classes pour donner l'information, distribution de tracts, contacts à la presse, signature de pétition en mairie le soir des élections, etc. Le mardi 25 mars, entre 100 et 150 personnes se sont rassemblées : élèves, personnel, parents, élus de la ville. La réaction du préfet ne s'est pas fait attendre : 48 heures après, il contactait le recteur d'académie et nous apprenions que Thaïs était « autorisée à terminer ses études en France ». Il faudra évidemment rester vigilants, mais le sentiment que l'action a payé a renforcé la détermination de tous.