Centrafrique : Sous la coupe des bandes armées02/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/04/une2383.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Centrafrique : Sous la coupe des bandes armées

L'augmentation du nombre de soldats français en Centrafrique, à la mi-février, n'a pas diminué le climat d'insécurité qui y règne. Deux tueries viennent d'avoir lieu à Bangui, la capitale.

Jeudi 27 mars, des habitants qui célébraient les funérailles de leurs proches ont été pris pour cibles par un groupe armé. Les rafales de mitraillettes et les jets de grenades ont fait une vingtaine de morts. Deux jours plus tard, c'est l'arrivée imprévue d'une colonne tchadienne faisant partie des troupes africaines de la Misca qui a déclenché des affrontements. Les soldats tchadiens, désormais cantonnés dans le nord du pays, continuent à évacuer les derniers musulmans présents à Bangui pour les escorter hors de la Centrafrique. Leur présence a déclenché une série de tirs où sept personnes ont trouvé la mort et quarante ont été blessées. Tout ce qu'a pu faire la présidente Catherine Samba-Panza a été de décréter trois jours de deuil national.

Seules les milices anti-balakas contrôlent en fait la capitale. Les militaires français comme les chefs de la Misca ont beau prétendre les désarmer, leurs membres jouissent en fait de la plus totale impunité. Sous prétexte de traquer les musulmans, ou ceux qu'ils désignent comme tels, ils établissent des barrages et rançonnent la population, ou monnayent leur protection.

Le gouvernement de Catherine Samba-Panza, mis en place par la France, n'a ni pouvoir ni autorité. La présidente elle-même reconnaît qu'elle ne peut compter sur les anciennes forces armées centrafricaines, car « leurs éléments ont été sélectionnés sur des bases essentiellement ethniques », ce qui est un euphémisme pour dire qu'elles s'identifient aujourd'hui aux milices anti-balakas. Une tentative faite sous l'égide de la France pour recréer une armée centrafricaine a fait long feu. Le 5 février, un musulman venu s'engager a été lynché à mort par les autres soldats, sous les yeux des officiels français et des journalistes. Depuis, il est clair que la seule force armée dont puisse disposer la présidente est constituée par les troupes françaises et par les contingents africains de la Misca, pour autant que la mission soit compatible avec les intérêts de leur propre gouvernement.

Si telle est la situation à Bangui, que dire du reste du pays ! Tout l'est est contrôlé par les bandes issues de la rébellion Séléka, qui occupaient Bangui avant que l'armée française ne les en déloge. Elles ont instauré une partition de fait, et c'est bien ce qui constitue la préoccupation essentielle du gouvernement français. Seuls 200 hommes de la mission Sangaris sont restés à Bangui, le reste faisant route vers l'est dans le but de mettre fin à cette partition. Ces troupes françaises drainent derrière elles leur lot de milices anti-balakas, pressées de commettre dans les régions à majorité musulmane les mêmes exactions qu'à Bangui.

Il y a quatre mois, les troupes françaises débarquaient en Centrafrique pour ramener cette ancienne colonie dans le giron de l'impérialisme français. François Hollande prétendait alors que son seul but était d'empêcher les tueries. Celles-ci continuent aujourd'hui de plus belle, et le pays est engagé dans un chaos dont personne ne peut voir l'issue.

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