Bosal-le-Rapide, Beine-Nauroy (Marne) : Des licenciements inacceptables et une colère légitime02/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/04/une2383.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bosal-le-Rapide, Beine-Nauroy (Marne) : Des licenciements inacceptables et une colère légitime

Les médias ont relayé la colère des ouvriers de l'usine Bosal-le-Rapide de Beine-Nauroy dans la Marne, où les ouvriers mobilisés contre leur patron menacent d'incendier l'usine pour obliger le groupe à négocier. Ils ont dressé un bûcher, menaçant d'y mettre le feu si la direction ne cède pas sur leurs revendications.

Le 20 février 2014, l'entreprise a été placée en liquidation judiciaire, précipitant les 58 derniers salariés vers Pôle emploi. Ces derniers n'acceptent pas d'être jetés à la rue sans faire payer leur patron. Ils exigent 40 000 euros de prime extra-légale, alors que la direction ne veut céder qu'à peine 8 000 euros.

Bosal est un sous-traitant automobile néerlandais spécialisé dans la fabrication de galeries de toit pour les véhicules utilitaires. L'entreprise a longtemps travaillé pour PSA et Renault, avec qui elle réalisait 90 % de son chiffre d'affaires. La fermeture était en fait programmée depuis des années par le groupe Bosal qui, loin d'être en difficulté, a fait l'an dernier 16 millions d'euros de bénéfices. Mais, ces dernières années, sa politique a été de délocaliser en Allemagne et en Hongrie. En février 2012, les ouvriers avaient déjà bloqué l'usine suite au licenciement de 86 d'entre eux.

Depuis sa liquidation, le site est occupé par les salariés, qui réclament au minimum l'application de l'accord signé il y a deux ans, prévoyant qu'en cas de nouveau plan de licenciements les indemnités obtenues s'appliquent à tous, notamment la prime supra-légale de 25 000 euros et des aides à la reconversion professionnelle. L'accord prévoyait aussi des mesures de reclassement parfaitement bidons : un soudeur se voyait proposer un poste en Hongrie pour 11 000 euros annuels, à condition de parler l'anglais ou la langue locale. Ceci n'a pas empêché l'État, via la direction du Travail, de valider le plan social.

Quinze jours après l'annonce de la liquidation, alors que les salariés tentaient de sauver une partie de leurs emplois en envisageant de créer une Scop (société coopérative et participative), le groupe Bosal annonçait qu'il n'était plus question de leur louer les locaux mais de les vendre pour 5 millions d'euros. Pour les salariés, c'était un nouvel affront car ils savent parfaitement que l'usine a été en grande partie financée par les collectivités locales, qui ont donné et aménagé le terrain et financé la construction.

Depuis qu'un bûcher a été installé dans l'usine, télévisions et radios n'ont cessé de défiler. Un syndicaliste déclarait récemment sur France 3 : « S'ils veulent récupérer leurs locaux en bon état, il faudrait qu'ils commencent à négocier. Mais comme il faut. Pas à 8 000 euros ! » Cette détermination des ouvriers de Bosal a suffisamment inquiété la direction pour qu'elle accepte, dans l'urgence, de réunir une table ronde. Elle doit se tenir mercredi 2 avril, associant le groupe, les pouvoirs publics et les salariés.

Les ouvriers savent bien que rien n'est encore gagné et que si Bosal a déjà lâché 8 000 euros de prime supra-légale, on est encore loin de ce qui est demandé.

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