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- Lutte ouvrière n°2382
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Accord sur l'indemnisation du chômage : Sur le dos des chômeurs et de tous les salariés
Le texte adopté, qui colle aux souhaits du Medef, revient au bout du compte à voler chaque année 800 millions d'euros aux chômeurs sous le prétexte de faire des économies. Les syndicats signataires mettent en avant l'obtention de « droits rechargeables ». Pour un chômeur, cette nouveauté est censée donner l'assurance de conserver la durée et le montant de son indemnisation, même lorsqu'il accepte un emploi précaire et plus mal payé. Mais ce qui est présenté comme une avancée sociale, outre que d'une certaine façon elle existe déjà, correspond précisément aux reculs que souhaite imposer le patronat à l'ensemble du monde du travail : contraindre les chômeurs comme tous les salariés, à accepter n'importe quel contrat pour un salaire de misère.
Le patronat, qui supprime des centaines de milliers d'emplois chaque année, souhaite réduire au maximum l'indemnisation des salariés qu'il a jetés dehors.
L'accord prévoit que les allocations seront diminuées pour tous les chômeurs qui gagnaient plus de 1 573 euros net avant de perdre leur emploi. Le taux de remplacement passera ainsi de 57,4 % à 57 %. Cette baisse, petite en apparence, va toucher une bonne partie des chômeurs indemnisés. Beaucoup sont déjà dans une situation limite, avec des revenus divisés quasiment par deux quand ils sont indemnisés, et pour une durée qui bien souvent n'est plus suffisante pour retrouver un emploi.
La principale attaque contre les salariés qui perdent leur emploi porte sur les primes dites extra-légales. Cela concerne une grande partie des licenciés et tous ceux qui signent une séparation conventionnelle, soit des centaines de milliers de salariés perdant leur emploi en dehors des licenciements économiques en bonne et due forme, qui restent provisoirement en dehors de l'accord.
Avant même cet accord, le délai de carence, c'est-à-dire le temps où le chômeur ne reçoit aucune indemnité, avait été porté à 75 jours. Désormais il pourra aller jusqu'à 180 jours. Un salarié licencié qui toucherait ne serait-ce que 9 000 euros d'indemnité après parfois des décennies à l'usine, devra ainsi attendre près de trois mois et demi sans toucher aucune allocation.
Parmi ceux qui étaient dans la ligne de mire du patronat, accusés par lui de « coûter trop cher », se trouvent aussi les intermittents du spectacle. Leurs cotisations pour avoir droit aux indemnités passeront de 10,8 % à 12,8 %, et de plus, ces indemnités seront différées.
De leur côté, les intérimaires, réintégrés au régime général, vont perdre la plupart des compensations liées à la précarité permanente que leur impose le patronat. Le pire est réservé aux chômeurs âgés, de plus en plus nombreux avec le report de l'âge de la retraite. Auparavant un chômeur qui touchait une allocation de l'Unedic voyait, quand il atteignait un certain âge, son allocation maintenue jusqu'à ce qu'il ait rempli les conditions pour partir en retraite. Cet âge a été peu à peu reculé. Il était déjà de 61 ans et il va être progressivement repoussé à 62 ans. Des dizaines de milliers de chômeurs âgés vont ainsi voir leurs ressources, au mieux ramenées à l'ASS (allocation spécifique de solidarité), à 500 euros par mois, et d'autres à zéro.
Cet accord scélérat est un nouveau recul imposé à tous les salariés : jeunes intérimaires, travailleurs qui ont une paie correcte, seniors encore au travail qui devront en plus continuer à payer, même après 65 ans, des cotisations chômage dont ils étaient exonérés jusqu'alors.
Le patronat peut être satisfait. Quant au gouvernement, par la voix du ministre du Travail Sapin, il s'est une nouvelle fois félicité de l'accord obtenu. La bourgeoisie est à l'offensive et déterminée, pour garantir ses profits indécents, à ravager la vie de millions de familles ouvrières, à les réduire au chômage avec des allocations toujours plus misérables.
Ce sont les patrons licencieurs qui sont les seuls responsables des licenciements, de l'explosion du chômage, et du déficit de l'Unedic. Tous les travailleurs privés d'emplois devraient avoir des indemnités au moins égales à leur ancien salaire, et elles devraient être entièrement payées par le patronat, qui y réfléchirait à deux fois avant de jeter les gens sur le pavé. En plus de l'interdiction des licenciements, le patronat devrait se voir imposer des recrutements massifs, quitte à diminuer les horaires pour répartir le travail entre tous.