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États-Unis : La Fed impuissante face aux accapareurs
L'été dernier, un article du New York Times avait décrit les manipulations sur le prix de l'aluminium auxquelles se livrait la banque Goldman Sachs, qui stockait et accaparait dans ses entrepôts de Detroit le quart de l'aluminium disponible dans le monde. Les retards de livraison suscitent les protestations des industriels utilisateurs de ce métal, y compris Coca-Cola, et les consommateurs américains ont déboursé en trois ans 5 milliards de dollars supplémentaires à cause de l'augmentation du prix de tous les objets en aluminium, à commencer par les 90 milliards de canettes de soda ou de bière achetées chaque année aux États-Unis. Mais Goldman Sachs ne fait pas figure d'exception. L'an dernier, JP Morgan Chase et la Deutsche Bank ont accepté de payer de fortes sommes suite à des enquêtes sur leurs manipulations des prix.
En fait, depuis 1999, les possibilités pour les banques de posséder des matières premières physiques ont été élargies à plusieurs reprises, en particulier en 2008, et voilà bien longtemps déjà que les méfaits en sont avérés, sur les prix de l'électricité, du pétrole, des métaux et, pire encore, sur le prix des denrées agricoles, etc.
Selon le New York Times, cela fait six ans que la Fed examine l'éventualité de renforcer la réglementation de ces activités... sans aboutir. Mais la Fed craint maintenant que cette implication des banques dans le commerce des matières premières soit, non pas nuisible pour les consommateurs et pour l'industrie – la Fed dit que cela ne la regarde pas –, mais dangereuse pour les banques elles-mêmes et puisse provoquer un effondrement du système financier.
Les appels à la Fed pour durcir les règles ont déjà amené Goldman Sachs à chercher à revendre ses entrepôts d'aluminium, en considérant que cette activité allait devenir moins rentable. De même JP Morgan Chase, Morgan Stanley, Bank of America, Deutsche Bank se dégagent de leurs activités spéculatives sur les matières premières physiques. Mais, du coup, toute une série d'institutions financières, de groupes de négoce, de groupes miniers, de multinationales, « beaucoup moins réglementées que les banques occidentales », se précipitent pour prendre le relais.
C'est dire que, régulations de la Fed ou pas, ce type d'activité spéculative, ô combien nuisible, a de beaux jours devant elle. Elle pourrait même se développer encore plus vite.