Afrique du sud : Une société où la vie des pauvres ne vaut pas cher26/02/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/02/une2378.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afrique du sud : Une société où la vie des pauvres ne vaut pas cher

Le 18 février, 23 mineurs « illégaux » étaient secourus après l'effondrement d'un puits dans une mine d'or désaffectée, à l'est de Johannesburg. Aussitôt arrêtés par la police, ils seront déférés devant les tribunaux et condamnés à plusieurs années de prison.

Selon les habitants du township voisin d'où venaient ces mineurs, au moins 200 autres illégaux étaient encore pris au piège dans la mine quand les équipes de secours levèrent le camp : sachant que la police les attendait, ils avaient préféré ne pas donner signe de vie.

Le fait n'est pas isolé. Quelques jours plus tard, à la demande de familles de mineurs illégaux qui manquaient à l'appel, des équipes de secours intervenaient dans une autre mine d'or désaffectée, à l'autre bout du bassin de Johannesburg. Mais, cette fois, les secouristes n'allèrent pas plus loin. Au bout de quelques heures, ils renoncèrent, estimant le niveau de monoxyde de carbone trop élevé dans les galeries.

La vie d'un travailleur pauvre n'a jamais valu cher en Afrique du Sud. Et elle vaut encore moins cher s'agissant d'un chômeur qui ose enfreindre la propriété privée des compagnies minières, pour tenter de gratter un peu d'or dans l'une des innombrables mines désaffectées qui gisent dans toute la région de Johannesburg.

Une fois qu'elles ont rempli les poches de leurs actionnaires des milliards que recèlent ces mines, sans que la population ait jamais vu la couleur de cette richesse, les compagnies minières les abandonnent à la poussière, sans prendre la peine de combler les galeries, de fermer les puits ni de restaurer la campagne alentour – cela ne leur rapporterait rien !

Les estimations officielles parlent de quelque 14 000 mineurs illégaux – ce qui est probablement très loin du compte quand on sait, par exemple, qu'au cours de la seule année 2013 les suppressions d'emplois dans les mines d'or ont dépassé ce niveau. Pratiquement chaque semaine on trouve dans certains journaux, pas dans tous, loin s'en faut, un entrefilet en petits caractères rapportant la découverte de plusieurs cadavres de mineurs illégaux. Et la vie continue.

Pour le gouvernement, il ne s'agit que de « criminels, membres de gangs bien organisés, avec leurs propres géologues et une chaîne de commandement paramilitaire », pour reprendre les mots de la ministre des Ressources minières.

Qu'importe si le véritable scandale est plus d'un siècle de pillage de l'économie par les compagnies minières occidentales et un taux de chômage de 25 à 35 % suivant les estimations, au point que des milliers de pauvres ne voient pas d'autre issue que d'aller risquer leur vie dans des galeries à moitié effondrées, pour ne pas crever de faim avec leur famille.

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