Suisse, l'initiative « contre l'immigration de masse » : Démagogie xénophobe12/02/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/02/une2376.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Suisse, l'initiative « contre l'immigration de masse » : Démagogie xénophobe

Dimanche 9 février s'est déroulée en Suisse la « votation » sur l'initiative « Contre l'immigration de masse » lancée par le mouvement d'extrême droite UDC (Union démocratique du centre). Le oui l'a emporté par 50,3 %, soit 19 000 voix de différence avec le non.

La formation de Christoph Blocher a de longue date constitué son fonds de commerce en faisant campagne sur les idées xénophobes et réactionnaires, en faisant appel aux peurs et aux préjugés, en particulier dans la Suisse rurale et les zones les moins développées. L'UDC avait, en 1992, fait campagne pour le non à l'entrée de la confédération dans l'espace économique européen. Elle avait à nouveau fait parler d'elle fin 2009, lors d'une campagne pour l'interdiction de construire de nouveaux minarets, appuyée par une affiche volontairement inquiétante montrant une pauvre Suisse hérissée d'une forêt de minarets curieusement représentés en forme de missiles. Un an plus tard, elle récidivait sur l'expulsion des étrangers criminels, en appelant à la suppression du droit de séjour dès la moindre infraction.

La crise économique est passée par là et, dans ce pays de 8 millions d'habitants, la hausse des prix, notamment des loyers et du terrain, et le manque de logements se sont fait sentir pour les couches populaires. Et même si le taux de chômage est parmi les plus bas d'Europe (3,5 % actuellement), la peur de perdre son emploi au profit d'un salarié moins payé n'est pas que de l'ordre du fantasme.

Cependant, c'est dans les cantons ruraux, où les seuls étrangers aperçus sont les touristes, que le oui à l'initiative l'a emporté, et non dans les villes où les immigrants sont plus nombreux, parce que les patrons recrutent. Les grandes villes de Genève, Bâle, Zürich et Zoug ont voté non. À Genève par exemple, où près d'un quart de la population active est constituée de travailleurs frontaliers, le rejet de l'initiative a été largement majoritaire. En revanche, les cantons alémaniques majoritairement ruraux et le Tessin ont voté oui.

La plupart des partis traditionnels, de droite comme de gauche, ont appelé à rejeter l'initiative. Quant au patronat, en particulier Économiesuisse, le Medef local, il avait avec logique appelé au non, car ses besoins de main-d'oeuvre et ses calculs de profits passent par la libre circulation de l'argent... et des travailleurs à exploiter.

Si le patronat n'a guère à craindre les conséquences légales de ce oui, les travailleurs suisses, migrants (majoritairement originaires d'Allemagne, de France, d'Italie et du Portugal) et frontaliers, ne peuvent que pâtir d'un vote confortant, même faiblement, ceux qui veulent les diviser et les opposer. Et, au-delà des montagnes et des lacs, le camp des travailleurs dans son ensemble n'en est pas renforcé.

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