Logement : Une pénurie qui s'aggrave12/02/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/02/une2376.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Logement : Une pénurie qui s'aggrave

Comme l'a récemment souligné le rapport de la Fondation Abbé-Pierre, le manque de logements accessibles aux classes populaires n'a fait qu'augmenter ces dernières années. Malgré les déclarations d'autosatisfaction de la ministre du Logement, la construction de logements sociaux reste à un niveau très faible.

Moins de 120 000 ont été financés en 2013, à peine plus en moyenne que pendant les dix années précédentes. Cela signifie en réalité bien moins car ces chiffres comprennent les logements anciens dans lesquels des travaux ont été entrepris. D'après les associations de défense des mal-logés, à peine 85 000 logements sociaux sont effectivement construits chaque année.

Ce chiffre semble bien dérisoire, loin même des promesses de campagne de Hollande qui parlait de la construction de 150 000 logements sociaux par an. Ce rythme de construction est bien incapable de répondre à l'ampleur des besoins réels alors qu'un million sept cent mille personnes sont en attente d'un logement social.

La construction de logements est à un niveau historiquement bas. En matière de logement social, l'État se désengage massivement. Les bailleurs sociaux se transforment en simples gestionnaires laissant la construction à de gros promoteurs privés qui se sucrent largement au passage. Et même les logements sociaux qui sortent effectivement de terre sont de moins en moins destinés aux salariés les plus modestes. En 2010, un quart seulement des HLM livrés avaient des loyers inférieurs au plafond de l'aide personnalisée au logement (APL). De plus, au gré des rénovations devenues de plus en plus nécessaires, des logements sociaux disparaissent et les nouveaux loyers sont plus chers.

Et c'est dans ce contexte que le gouvernement, à la recherche d'économies, a décidé de s'attaquer au budget consacré au logement. Reprenant la logique des rapports de la Cour des comptes, le ministre du Budget annonce l'objectif de récupérer 3 à 4 milliards d'euros. Des discussions auraient lieu sur une réduction des APL. Pour les étudiants par exemple, elle ne serait plus réservée qu'aux boursiers, ce qui représenterait une économie de près de 800 millions d'euros. Le ministre aurait aussi en vue les aides fiscales censées encourager la construction, et qui se montent à 14 milliards d'euros par an. Mais si le gouvernement fait mine de dénoncer certaines niches fiscales qui permettent à des investisseurs de tout acabit d'arrondir leur capital, il n'est pas question pour lui de s'attaquer aux gros promoteurs qui sont les principaux bénéficiaires du budget du ministère du Logement.

Ce gouvernement n'envisage de faire d'économies que sur le dos des plus démunis. Il en est ainsi du lancement par la ministre du Logement d'une mission pour résorber les bidonvilles dans le pays, qui se sont multipliés ces dernières années. Mais sur le terrain, cette politique se réduit pour l'instant à la destruction brutale des campements roms sans que bien souvent aucun relogement ne soit proposé.

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