Île de La Réunion : Les patrons menacent, le gouvernement recule12/02/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/02/une2376.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Île de La Réunion : Les patrons menacent, le gouvernement recule

Pendant quatre jours, du jeudi 29 janvier au dimanche 1er février, les gérants des stations-service de La Réunion ont fermé leurs pompes et n'ont plus délivré une seule goutte de carburant ni vendu de bouteilles de gaz. Ils protestaient ainsi contre le décret Lurel (du nom du ministre des Outre-mer) devant entrer en application début février. Son but était de rendre plus transparentes les opérations des pétroliers à La Réunion et d'amener une baisse des prix.

Des blocages similaires ont eu lieu au même moment dans les quatre autres DOM. Bien que ledit décret Lurel égratigne à peine les pétroliers, ce sont les gérants de stations-service qui sont partis en croisade contre le projet, arguant que toucher aux marges des pétroliers aurait eu des répercussions sur les leurs et, par ricochet, aurait menacé l'emploi des pompistes. Il faut toujours que les patrons fassent mine de défendre l'emploi, alors qu'ils ont uniquement les yeux rivés sur leurs profits.

Le gouvernement, sensible aux moindres soupirs patronaux, a donc rouvert les négociations en mandatant le préfet de La Réunion. Dimanche 3 février, les gérants et les pétroliers satisfaits ont signé un protocole d'accord. Hervé Maziau, le président du comité des importateurs des hydrocarbures, a déclaré au sortir de la préfecture que désormais « il n'y avait pas de profession plus transparente » que la sienne, mais sans rien laisser filtrer de ce qui avait été vraiment convenu entre les pétroliers, les gérants de stations-service et le représentant de l'État.

Tous ces patrons, grands ou petits, ont à présent le sourire, car ils ont eu l'assurance que leurs profits ne seraient en rien écornés, si bien que les futurs arrêtés ministériels et préfectoraux qui fixeront les prix dans les DOM n'entraîneront probablement pas une baisse significative des prix à la pompe. Ceux-ci pourraient même continuer à monter. Les capitalistes du secteur pourront donc toujours se remplir les poches en pompant dans celles de la population.

Celle-ci, loin de se solidariser avec le mouvement des gérants, l'a vertement critiqué, voyant bien que ces derniers, en défendant leurs propres intérêts, défendaient également ceux des pétroliers riches à milliards.

Quant aux emplois qui seraient dorénavant garantis, ils restent au bon vouloir des patrons, sans qu'aucune contrainte ne leur soit imposée. Et il ne faut pas compter sur le gouvernement, qui vient de faire un pas à reculons, pour les y obliger.

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