Euro fort, euro faible : Un faux débat pour les travailleurs12/02/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/02/une2376.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Euro fort, euro faible : Un faux débat pour les travailleurs

Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg vient de découvrir, dit-il, la pierre philosophale pour créer des emplois : faire baisser l'euro. Une baisse de 10 % de la valeur de l'euro par rapport au dollar augmenterait, selon le ministre, le taux de croissance de l'économie de 1,2 %, ce qui créerait 150 000 emplois.

Dite avec l'assurance coutumière à ce politicien, assortie de chiffres aussi indémontrables qu'invérifiables, ayant tout l'air d'une rodomontade montebourgeoise de plus, cette phrase n'a pourtant pas été prononcée au hasard.

Au même moment en effet, le directeur financier du groupe Airbus soulignait que, quoique travaillant en dollars, il subit une moins-value lors de la conversion de ses bénéfices en euros. Son homologue de Michelin mettait la moindre profitabilité du groupe sur le compte de l'euro fort, pendant que le président de L'Oréal assurait qu'il avait fait des bénéfices « malgré » la cherté de la monnaie européenne. En défendant la baisse du cours de l'euro, Montebourg se fait ainsi le porte-parole des intérêts affichés de quelques-uns des grands groupes capitalistes du pays.

La baisse de l'euro signifierait aussi l'augmentation des prix des marchandises importées, du pétrole au textile, du soja au matériel informatique, hausse qui serait finalement payée par les consommateurs populaires. Ce dont les représentants des groupes capitalistes exportateurs comme leur avocat Montebourg se moquent comme de leur premier dollar.

Une baisse de l'euro ne ferait pourtant pas automatiquement le bonheur de tous les capitalistes, ne serait-ce que parce qu'elle dévaluerait automatiquement les capitaux libellés dans cette monnaie.

Le débat, si débat il y a, entre les partisans de l'euro fort et ceux de l'euro faible ne concerne que les grands patrons et ceux qui se mettent à leur service en leur soumettant des propositions. Pour les travailleurs, cette discussion n'a pas de sens, et y prendre part reviendrait à accepter le cadre de l'exploitation capitaliste et sa logique de concurrence. Et c'est d'elle que découlent les suppressions d'emplois, les pressions sur les salaires, les coupes dans les budgets sociaux, qui sont nécessaires au maintien des profits.

Pour défendre leurs salaires et leurs emplois, les travailleurs n'ont d'autre solution que de contraindre les capitalistes à prendre sur leurs profits, voire sur leurs fortunes. Aux travailleurs d'imposer l'interdiction des licenciements et l'indexation des salaires sur les prix, et au grand patronat de se débrouiller avec son euro, fort ou faible, mais de payer !

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