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- Lutte ouvrière n°2374
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Editorial
Une cupidité qui finira par provoquer l'explosion sociale
« Les 85 personnes les plus riches du monde possèdent autant que les 3,5 milliards de personnes les plus pauvres », a noté un rapport de l'ONG Oxfam, alors que les plus riches se réunissaient au Forum de Davos, en Suisse.
Ces 85 milliardaires sont connus. Le duo de tête est composé de Carlos Slim, le magnat mexicain des télécoms, et de Bill Gates, le PDG de Microsoft. Leur fortune personnelle dépasse 50 milliards de dollars. Quant à la bourgeoisie française, elle est représentée par Liliane Bettencourt, propriétaire de L'Oréal, Bernard Arnault, patron du groupe LVMH, François Pinault et Serge Dassault.
À l'heure où l'on nous rabâche que c'est la crise et que les caisses de l'État sont vides, ces chiffres sont parlants. Quant à ceux qui refusent de mettre en cause des grands groupes au prétexte que « les millions de petites entreprises sont le moteur de l'économie », ils font le jeu de ces grands bourgeois qui sont bien les maîtres de l'économie.
Que 85 personnes possèdent une fortune équivalant à celle de la moitié de l'humanité en dit long sur la folie du capitalisme, qui fonctionne comme une immense pompe aspirant les richesses à un pôle de la société.
Parce qu'elles possèdent les capitaux, ces grandes fortunes s'attribuent l'essentiel des profits générés dans la production. De l'automobile au kilo de pommes de terre, elles prélèvent leur part sur tout ce qui est fabriqué et vendu. Comme leurs capitaux se retrouvent dans les banques, l'informatique, l'énergie, les médias ou le sport..., rien n'échappe à leurs griffes.
Quoi qu'il fasse, chaque salarié travaille directement ou indirectement à les enrichir. Même le travailleur qui se dit « indépendant » contribue à arrondir leur magot, parce qu'il est forcé d'en passer par les banques, les assurances et les fournisseurs, ou encore de travailler comme sous-traitant. Sans parler du fait que les Bouygues et les Dassault prospèrent grâce aux marchés publics payés par nos impôts.
La spéculation démultiplie ces fortunes. Mais elles sont bien le fruit du labeur des travailleurs du monde entier. Et il n'y a pas de miracle : l'enrichissement des privilégiés, en pleine crise, est le fruit de l'aggravation de l'exploitation, des licenciements, de l'austérité imposée au monde du travail.
Dans tous les pays, les gouvernements, de gauche ou de droite, ont imposé des sacrifices aux travailleurs. Au prétexte de sauver les banques et de restaurer la compétitivité des entreprises, ils ont fait reculer les droits à la retraite, ils ont bloqué ou diminué les salaires en généralisant la précarité, ils sont allés chercher le moindre euro dans la poche des classes populaires en augmentant la TVA.
Depuis qu'il est au pouvoir, Hollande a mené cette politique, et il va continuer. En représentant loyal de la bourgeoisie, Hollande a pour priorité d'aider le patronat. Il lui a d'abord offert un crédit d'impôt de 20 milliards par an. Avec le « pacte de responsabilité » et la suppression des cotisations familiales payées par le patronat, le nouveau cadeau se montera à 30, voire 35 milliards.
Et, comme toujours, les classes populaires paieront. Hollande dit que les prestations familiales seront maintenues. On peut en douter ! Dans tous les cas, l'argent sera pris ailleurs, sur les hôpitaux, sur les transports, sur les aides sociales.
Le gouvernement prétend que ce cadeau permettra aux entreprises d'embaucher. Le même mensonge nous a été servi par Sarkozy quand il a réduit la TVA dans la restauration. On attend toujours les emplois !
Pour obtenir une baisse des cotisations, Gattaz, le chef du Medef, avait évoqué la possibilité de créer un million d'emplois. Maintenant qu'il est sûr d'empocher le pactole, il dit ne pas pouvoir s'engager et que tout dépendra des marges, c'est-à-dire des profits. Cela a le mérite d'être clair.
Ceux qui, au gouvernement ou dans la majorité, font mine de croire à des « contreparties en emplois » mentent aux travailleurs. La fortune des ultra-riches en témoigne. Ce que gagne la bourgeoisie, elle le garde et s'en sert, non pour investir ou embaucher, mais pour jouer au casino capitaliste.
La bourgeoisie a beaucoup gagné grâce à la crise. Avec ses valets politiques, elle est revenue sur ce que les travailleurs avaient arraché au fil des luttes. Elle a mis fin à la retraite à 60 ans et au CDI. Elle a imposé le chômage de masse, la flexibilité des emplois et des salaires.
Alors que l'argent déborde de ses poches, elle appauvrit le monde du travail. La réalité finira par la rattraper. Tôt ou tard, les travailleurs revendiqueront leur dû.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 27 janvier