Saint-Rémy-de-Maurienne (Savoie) : Les travailleuses de Spirel ne se laissent pas faire29/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2374.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Saint-Rémy-de-Maurienne (Savoie) : Les travailleuses de Spirel ne se laissent pas faire

Mardi 21 janvier, plus d'une centaine de travailleuses de l'usine Spirel de Saint-Rémy-de-Maurienne menacée de fermeture, soutenues par une cinquantaine de militants CGT de la région, ont manifesté dans Cluses et devant le siège du groupe Somfy qui s'y trouve. Arrivées devant Somfy, elles ont été accueillies par plusieurs dizaines de gendarmes mobiles, dont la plupart avaient été dissimulés depuis le matin dans une salle de l'entreprise !

Une délégation a finalement été reçue par le DRH qui, après avoir dit qu'il ne pouvait rien pour l'usine Spirel, a eu le culot d'affirmer qu'il s'engageait à regarder avec beaucoup d'attention les CV des salariés en cas de fermeture. Comme si la perspective de faire deux fois deux heures de route Saint-Rémy - Cluses pouvait être une issue pour les travailleuses. Il faut savoir que ces mêmes directeurs sont ceux qui oeuvrent à se donner une bonne image au travers de la fondation humanitaire Somfy, « pour que les entreprises retrouvent une réelle place citoyenne dans ce modèle social que notre pays est forcé de réinventer ».

L'usine Spirel, qui fabrique des moteurs électriques, faisait jusqu'en 2010 partie du groupe Somfy. À cette date, celui-ci a mis en oeuvre un plan de restructuration, où déjà plus de la moitié des salariés de Spirel ont été licenciés et les autres cédés avec l'usine à un repreneur bien connu sur la région, le groupe Chappel. Dès lors, le scénario était écrit d'avance : Somfy, en cédant l'usine avec les habituelles promesses d'y maintenir ses commandes de production, laissait le repreneur faire le sale boulot de fermeture du site. À signaler d'ailleurs que, quasiment dans le même temps, Somfy posait la première pierre d'une usine de moteurs électriques en Pologne. Très rapidement les salariés de Spirel, dont la plupart sont des femmes, s'apercevaient que le nouveau patron puisait sans vergogne dans la trésorerie (sans doute pour plus de 2 millions d'euros), ne réglait plus une partie des cotisations sociales, etc. Résultat, le sort des salariés est depuis plusieurs mois dans les mains du tribunal de commerce de Chambéry.

Depuis deux ans, les travailleuses de Spirel ont multiplié les initiatives pour ne pas se retrouver au chômage, dans une vallée, la Maurienne, qui est devenue un cimetière industriel. Somfy, devenu un géant dans la fabrication d'automatismes domestiques et industriels, avec plus d'un milliard d'euros de capitalisation, un chiffre d'affaires du même ordre, et avec 7 600 salariés dans le monde, a largement de quoi assurer leur avenir. Son président est Paul-Georges Despature, issu d'une grande famille bourgeoise du Nord, fondatrice et propriétaire de Damart. Il est classé 7e fortune française de Suisse avec 1,38 milliard !

Les travailleuses de Spirel ont toutes les raisons de s'opposer à la rapacité de ces profiteurs.

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