Nestlé - Beauvais : Des attaques qui appellent une riposte29/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2374.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nestlé - Beauvais : Des attaques qui appellent une riposte

Les quelque 500 salariés de l'usine Nestlé de Beauvais produisent des crèmes glacées et des plats cuisinés surgelés. Profitant de l'affaire de la viande de cheval, Nestlé a précipité la suppression de cette deuxième activité, qui était prévue en fait depuis longtemps, et a annoncé en octobre 2013 un énième plan de suppression de 160 emplois, avec des départs anticipés à partir de 57 ans.

Dans le plan précédent, près de 150 salariés étaient partis avec une prime de 12 000 euros et une rente mensuelle de 80 % du salaire jusqu'à leur retraite. Tout le monde s'attendait donc aux mêmes conditions.

Tout le monde, sauf Nestlé. Cette multinationale aux 500 usines et 300 000 salariés dans le monde, qui achète ou construit une usine chaque semaine, jongle avec les dizaines de milliards (12 milliards d'euros de résultat en 2012). Dorénavant, elle ne veut plus accorder des conditions correctes de départ à Beauvais, au prétexte que « la poule aux oeufs d'or, c'est fini » : rayée la prime de 12.000 euros, rognée la rente mensuelle de 80 % qui descendrait à 70 % au bout de trois ans !

Et ce n'est pas tout. Plusieurs dizaines de salariés travaillent de nuit depuis toujours, en particulier dans la nuit de dimanche à lundi, avec des primes allant de 200 à 800 euros mensuels. Eh bien Nestlé les supprime en grande partie, ne compensant les pertes que partiellement et pendant deux ans maximum.

Des « experts » étudient la possibilité de supprimer des postes de travail sur des lignes déjà saturées, et chronomètrent les temps de pause-toilettes. La direction veut intégrer dans le temps de travail vingt minutes de pause, de manière à réduire artificiellement la journée de travail... ce qui aurait pour effet de faire perdre plusieurs jours de congés aux salariés. Elle ajoute à cela l'obligation de travailler pendant dix semaines six jours sur sept. Or, actuellement, les samedis travaillés sont exclusivement au volontariat, et donc payés en heures supplémentaires. Sur la ligne Mystère, qui ne fonctionne pas la nuit, la direction veut introduire l'obligation de rester au travail le soir après 22 heures chaque fois que la production l'exigera. Enfin, elle prévoit d'interdire à partir de 2015 de prendre ses congés pendant la première quinzaine de juillet, période la plus sujette aux pics de production. Et toutes ces menaces s'accompagnent d'un chantage clair aux licenciements.

Dans l'usine, l'accumulation de ces attaques fait l'effet d'une douche froide. « Ils sont en train de tout nous prendre », « On n'a pas travaillé pendant quarante ans pour se faire jeter dehors sans rien », « Plonger les anciens dans la misère et surexploiter ceux qui resteront, c'est pas normal », « Les jeunes qui viendront après nous, ils seront en intérim, au smic, sans prime, sans rien ! », entend-on. L'amertume est générale, mais elle s'accompagne d'une colère qui, sans être partagée par tous, est bien réelle, palpable et profonde. Nestlé mériterait qu'elle explose.

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