Turquie : Un an après leur assassinat, « Justice et vérité » pour les trois militantes kurdes !23/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2373.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Turquie : Un an après leur assassinat, « Justice et vérité » pour les trois militantes kurdes !

Le 11 janvier, à Paris, une manifestation a rassemblé des milliers de personnes criant « Justice et vérité » et dénonçant, un an après l'assassinat dans le 10e arrondissement de trois militantes nationalistes kurdes, la stagnation de l'enquête sur l'auteur du meurtre et ses commanditaires. Deux jours plus tôt, à Istanbul, plusieurs centaines de manifestants se rendant vers le consulat français avec les mêmes mots d'ordre avaient été brutalement dispersés par la police.

Le 9 janvier 2013, au local parisien d'une association proche du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan qui a mené des années durant la guérilla contre l'armée turque, Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Söylemez étaient exécutées, et ce geste avait provoqué l'indignation légitime des milieux militants de gauche, turcs, kurdes et bien au-delà. Toutes trois étaient connues pour leur engagement, et Sakine Cansiz même comme une des dirigeantes historiques du mouvement kurde. Peu après, un suspect avait été arrêté en France, un certain Ömer Güney dont les commanditaires inconnus semblaient en rapport avec « l'État profond » turc, les services secrets notamment.

Il se trouve que, depuis mi-janvier, la presse turque hostile au Premier ministre Erdogan publie des documents qui semblent prouver que Güney a agi sur ordre du MIT, les services secrets turcs. Dans un enregistrement sonore mis en ligne sur Internet, on entend l'assassin présumé détailler son plan à des interlocuteurs qui seraient des agents du MIT, et le quotidien Sol Gazete a publié un rapport émanant de ces mêmes services, dans lequel les allusions à une mission rémunérée semblent confirmer la responsabilité d'une partie de l'appareil d'État.

Le gouvernement turc nie depuis un an toute implication et rejette l'accusation sur des rivalités internes au PKK. Mais les milieux militants de gauche, en Turquie comme dans l'émigration, savent à quoi s'en tenir quant aux méthodes de « l'État profond ». Si des documents apparaissent à présent pour corroborer l'implication du MIT dans l'assassinat à Paris des trois militantes, c'est certainement en rapport avec l'affrontement auquel se livrent en ce moment, à coups de révélations, deux fractions de l'appareil d'État, celle du Premier ministre mise en cause dans des affaires de corruption, et celle dominée par la confrérie religieuse de l'imam Fethullah Gülen. Mais cela montre que, si le gouvernement turc mais aussi le gouvernement français voulaient vraiment chercher les commanditaires du triple assassinat, ils pourraient facilement les trouver. Ils préfèrent visiblement ne pas le faire.

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