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- Lutte ouvrière n°2373
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Leur société
Indemnisation des chômeurs : Les patrons doivent payer !
Vendredi 17 janvier se sont ouvertes les négociations entre le patronat et les syndicats sur l'assurance-chômage. Le patronat sur ce terrain aussi est à l'offensive : sous prétexte de déficit et d'une dette croissante, il voudrait revoir à la baisse les conditions d'indemnisation des chômeurs.
Après avoir parlé un temps d'un retour de la dégressivité des allocations chômage, le Medef a changé son angle d'attaque. Tout en mettant en avant l'urgence de la situation et sa volonté d'une stabilisation des comptes d'ici à trois ans, le patronat se dit « ouvert » aux différentes solutions, à condition qu'on ne touche pas au niveau de ses cotisations. L'Association des entreprises privées (AFEB), qui regroupe les cent plus grands groupes du pays, propose quant à elle une réduction du temps d'indemnisation qui passerait à 18 mois au lieu de 24 au maximum pour les moins de cinquante ans, ainsi qu'un durcissement des conditions d'accès à l'indemnisation. Il faudrait pour y avoir droit avoir cotisé 12 mois au cours des 28 derniers mois au lieu de quatre.
L'Unedic, qui gère l'indemnisation des chômeurs, est confrontée à l'explosion du chômage. Mais les premiers responsables de cette situation sont les patrons, qui garantissent leurs profits en supprimant des emplois par centaines de milliers et en limitant le plus possible les salaires. Le montant des cotisations chômage qui rentre dans les caisses s'en trouve amputé d'autant. Une réduction d'un million du nombre de chômeurs suffirait à supprimer le déficit. Le gros des dépenses des Caisses d'allocations chômage vient d'ailleurs de l'indemnisation des travailleurs précaires. 80 % des embauches se font en CDD ou en intérim, avec un retour rapide à Pôle emploi, et c'est l'Unedic qui verse alors les indemnités. La multiplication des contrats de quelques heures par semaine fait qu'un million deux cent mille travailleurs survivent avec une petite allocation chômage en plus de leur salaire de misère. Mais déniant toute responsabilité dans la montée du chômage, le patronat voudrait encore diminuer les droits des chômeurs et réduire sa contribution aux Caisses d'indemnisation.
Le gouvernement Ayrault fait mine de peser en faveur du juste milieu. Hollande, lors de sa conférence de presse du 14 janvier, n'a pas hésité à se présenter comme un défenseur des travailleurs sans emploi : « Ce n'est pas à un moment où il y a un taux de chômage élevé qu'il faut réduire les droits des chômeurs. » Mais au même moment l'État a prévu dans son budget une diminution de 300 millions d'euros du déficit de l'Unedic pour l'année qui vient.
Dans la même veine, la Cour des comptes n'avait pas hésité à prôner une diminution des aides aux chômeurs, mettant en avant le montant élevé de l'indemnisation maximale qui dépasse aujourd'hui les 6 000 euros. Mais la dénonciation d'une somme que ne touchent que 0,06 % des chômeurs indemnisés n'est là que pour entretenir les préjugés contre l'ensemble des travailleurs au chômage, présentés comme des profiteurs.
La réalité est évidemment tout autre. Le chômage touche aujourd'hui quasiment l'ensemble des familles ouvrières, et chaque travailleur sait aujourd'hui qu'il pourra se retrouver du jour au lendemain au chômage. Sur les cinq millions et demi de chômeurs inscrits à Pôle emploi, chiffre qui n'intègre pas tous ceux qui ont épuisé leur droit à l'indemnisation, les nombreux stagiaires, tous les salariés découragés, seule une petite moitié touche aujourd'hui une allocation. Le montant de celle-ci n'est plus dégressif, mais pour la moitié de ceux qui ont une indemnité, elle ne dépasse pas les mille euros. Les conditions pour l'obtenir n'ont cessé de se durcir. La durée maximale de deux ans est bien vite atteinte, avec la montée du chômage de longue durée qui touche en particulier les seniors, et qui se prolonge avec le report de l'âge de départ à la retraite. C'est alors les minima sociaux et la misère qui s'ensuit.
Le patronat, pourtant directement responsable du chômage, veut profiter de la crise et d'un gouvernement à son service pour imposer un nouveau recul aux travailleurs. Il ne peut être question de l'accepter. Ce qui doit être mis à l'ordre du jour, c'est de leur imposer la répartition du travail entre tous les bras disponibles tout en maintenant le niveau des salaires. Face à la montée du chômage, cet objectif doit devenir celui de toute la classe ouvrière.