L'assassinat de Maurice Audin : Du Parti socialiste à de Gaulle et au PS actuel, le silence du pouvoir15/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2372.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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L'assassinat de Maurice Audin : Du Parti socialiste à de Gaulle et au PS actuel, le silence du pouvoir

En juin 1957, Maurice Audin était tué à Alger par des militaires français après avoir été torturé. Cette vérité-là, ses camarades, sa famille, des militants la proclament depuis des années face à un pouvoir et une armée qui nient et s'en tiennent à la thèse montée de toutes pièces de son évasion. Mais le livre de Jean-Charles Deniau qui vient de paraître sur la mort de Maurice Audin n'apporte certainement pas encore toute la vérité sur cet assassinat.

La guerre d'Algérie durait alors depuis trois ans. Le gouvernement socialiste de Guy Mollet avait donné les pleins pouvoirs aux parachutistes de Massu pour détruire le FLN à Alger. La bataille d'Alger démarrait et la Casbah, le quartier arabe de la ville, fut encerclée jour et nuit, un grand nombre de ses habitants arrêtés et torturés. Les parachutistes voulaient remonter les filières pour arrêter les dirigeants du FLN. Les parachutistes systématisèrent leurs méthodes de torture. Des dizaines de milliers de femmes et d'hommes subirent ces traitements barbares et beaucoup périrent entre les mains de l'armée. Des milliers d'entre eux disparurent sans que personne ne sache comment ils étaient morts, ni où ils sont enterrés. Le gouverneur général d'Alger ainsi que le gouvernement à Paris connaissaient les méthodes employées et les couvraient.

Les militants anticolonialistes, en particulier ceux du Parti communiste algérien, furent eux aussi victimes. Plusieurs militants communistes, dont Maurice Audin et Henri Alleg, furent arrêtés et torturés. Malgré les dénonciations de ces arrestations et de ces crimes, malgré les appels publics adressés au gouvernement socialiste, celui-ci resta silencieux. Au contraire, les témoignages contre la torture furent interdits. Henri Alleg finit par être relâché, mais Maurice Audin fut assassiné. Dans quelles conditions, quand, comment ? L'armée a inventé la thèse de son évasion, a refusé de livrer le moindre élément permettant à la famille de connaître la vérité et n'a jamais été contrainte à le faire.

En 2012, Hollande a remis à Josette Audin, la veuve de Maurice, des archives militaires qui ne contenaient rien de sérieux. En effet, aucun de ceux qui l'ont assassiné n'ont laissé de traces et de preuves de leurs actes.

55 ans plus tard, Jean-Charles Deniau se targue d'avoir fait parler, avant sa mort, le général Aussaresses, qui lui aurait dit avoir fait tuer Audin sur ordre de Massu. Mais les révélations de cet ancien responsable de la bataille d'Alger, restent largement controversées et souvent contradictoires. Le livre confirme ce que l'on savait déjà : la barbarie des parachutistes, leur anticommunisme et la caution permanente apportée par le pouvoir socialiste de l'époque.

Pendant et après la guerre d'Algérie, l'armée française a su imposer une chape de silence et il est probable qu'on ne saura jamais précisément qui a commis l'assassinat de Maurice Audin et des milliers d'autres victimes. Depuis la guerre d'Algérie, aucun gouvernement n'en a dénoncé la barbarie, ni les crimes de l'armée. En agissant ainsi, les gouvernants successifs couvrent leurs propres crimes. La torture, les exécutions et assassinats durant la guerre d'Algérie n'ont pas été des dérapages. Ce sont les méthodes des armées coloniales et elles ont été cautionnées, quand ce n'était pas commandées, par le pouvoir qui fut celui du Parti socialiste avant d'être celui de De Gaulle.

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