Construction de logements : Le bluff de Duflot15/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2372.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Construction de logements : Le bluff de Duflot

La ministre du Logement Cécile Duflot s'est félicitée du nombre de logements sociaux financés en 2013, en hausse de 14 % par rapport à l'année précédente d'après ses dires. Les mots sont savamment choisis pour masquer la réalité.

En effet 117 000 logements sociaux ont été financés, sans qu'on soit sûr qu'ils seront vraiment construits un jour. Mais c'est en réalité seulement 1 000 de plus qu'il y a deux ans, et surtout loin des 150 000 promis par Hollande pendant sa campagne électorale.

Dans les faits, le nombre de logements effectivement construits est en général bien en deçà des projets sur le papier. En 2012 par exemple, seuls 75 000 logements sociaux ont été mis à disposition des familles populaires, un chiffre du même ordre que les années précédentes. À ce rythme, le million de familles en attente d'un logement social ne sera satisfait que dans plus d'une décennie.

Et si l'on regarde l'ensemble des logements neufs construits, 2013 a été l'année la plus mauvaise depuis dix ans : 330 000, au lieu des 500 000 promis par Hollande. Pour justifier le petit nombre des constructions, les promoteurs se plaignent du coût du travail, de l'envolée des prix des matériaux, des normes trop nombreuses. Mais c'est en réalité leur taux de profit qu'ils jugent insuffisant et qui les fait se détourner de la construction de logements, en particulier de ceux à destination des classes populaires.

Leurs jérémiades ont été entendues par ce gouvernement aux petits soins pour les désidérata du patronat. La ministre du Logement ainsi que Hollande, à l'occasion de déclarations répétées, ont promis de satisfaire les revendications des bétonneurs. Tout ce qui pouvait entraver un tant soit peu leur avidité à réaliser des bénéfices sera supprimé : accélération de l'attribution des permis de construire, allègements des normes de construction qui les obligent à rendre les logements plus accessibles aux personnes handicapées, réduction des obligations en termes de protection des sites archéologiques, de dépollution des terrains, de normes antisismiques, de lutte contre le bruit. Autant de règlements qui protégeaient un peu les riverains, les futurs propriétaires ou locataires, des nuisances, malfaçons et autres entourloupes des promoteurs.

De plus, le gouvernement fait grand bruit autour d'un programme de construction de 30 000 logements sociaux qui devrait être lancé au printemps. Au-delà de l'aspect dérisoire des chiffres compte tenu des besoins, seuls un tiers des logements prévus seraient des logements destinés aux milieux modestes. Et puis surtout, pour attirer les investisseurs privés, l'État va créer des fonds de financement garantissant des rendements lucratifs avant même le premier parpaing posé.

Non seulement l'État se désengage par mille biais de la construction de logements, mais le faible budget qu'il y consacre encore passe de plus en plus directement dans les caisses des promoteurs. De nombreuses familles populaires se trouvent ainsi contraintes d'accepter de payer des loyers indécents pour des logements qui le sont tout autant.

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