Centrafrique : Sur l'ordre de Hollande, le président limogé et remplacé15/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2372.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Centrafrique : Sur l'ordre de Hollande, le président limogé et remplacé

Le président de Centrafrique, Michel Djotodia, vient d'être limogé et s'est réfugié au Bénin. Cette éviction s'est faite dans la plus pure tradition des présidents centrafricains écartés par la France, la seule originalité résidant dans le fait que le scénario élaboré par Paris a été mis en oeuvre par son fidèle allié, le président tchadien Idriss Déby.

C'est à Ndjamena, la capitale tchadienne, que cette démission a été arrachée à Djotodia, lors du sommet de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) des 9 et 10 janvier. Un avion a alors été envoyé en Centrafrique pour en ramener les 135 membres du Conseil national de transition (CNT), l'assemblée qui tient lieu de Parlement. Idriss Déby leur a simplement déclaré : « Il vous appartient de prendre la mesure de la gravité de la situation en choisissant librement vos dirigeants. » Moyennant quoi, ils n'ont eu qu'à prendre acte de la démission de leur président avant de remonter dans l'avion pour Bangui, la capitale centrafricaine.

Cette opération avait été mise au point par le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, lors de sa tournée des capitales africaines une semaine auparavant. Il avait alors rencontré les membres les plus influents de la CEEAC, les présidents du Tchad, du Gabon et du Congo.

Depuis maintenant dix mois, Djotodia était de plus en plus difficilement toléré par les dirigeants français. Ce chef de la Séléka, une alliance de groupes rebelles venus du Nord et de pillards des pays voisins, s'était proclamé président lors de leur entrée dans Bangui. Paris en avait pris son parti, comptant alors sur lui pour contrôler ses troupes et permettre une évolution vers l'élection d'un nouveau président allié de la France. Il s'avéra rapidement que Djotodia ne contrôlait rien. Les groupes armés de la Séléka, formellement dissoute, mirent en coupe réglée Bangui et le reste du pays, massacrant la population et pillant ce qui leur tombait sous la main. Des milices, les anti-balakas, se constituèrent en réaction et s'en prirent à tous les habitants soupçonnés de soutenir la Séléka, notamment les populations musulmanes.

Dans ce chaos sanglant, l'instauration d'un régime stable et allié de la France semblait s'éloigner à l'horizon. C'est pour remettre ce processus sur les rails que l'armée française est intervenue directement le 5 décembre 2013, mais cette intervention n'a pas mis fin aux tueries, les combats entre anti-balakas et ex-Séléka ravageant Bangui et faisant fuir la population terrorisée vers d'immenses camps de réfugiés. La démission forcée de Djotodia est censée aujourd'hui mettre fin à ces affrontements, mais rien ne dit que ce sera le cas.

Le Conseil national de transition (CNT) doit maintenant choisir un nouveau président devant acheminer le pays vers des élections fixées par Paris pour fin 2014, au cours desquelles le peuple centrafricain est censé choisir librement son destin. Mais la présence des troupes françaises et la manière dont a été limogé Djotodia montrent bien que, derrière cette prétendue transition, c'est d'abord la main du gouvernement français qui agit. La protection des populations n'est qu'un prétexte, le but est d'imposer un régime qui, comme les précédents, garantisse les intérêts de l'impérialisme français, quitte à continuer de ruiner la population centrafricaine.

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