Dimanche 15 décembre, 27 sans-papiers, à la rue depuis six mois, ont voulu occuper la basilique de Saint-Denis pour faire pression sur la préfecture et demander des solutions d'hébergement provisoire. Ces hommes, majoritairement célibataires, ont été expulsés en juin dernier de deux immeubles insalubres et dangereux de Saint-Denis.

La seule solution pour eux est de faire appel au 115, déjà largement saturé. Face à cette situation dramatique et à l'hiver qui arrive, un centre d'hébergement d'urgence de soixante places vient d'être ouvert à Saint-Denis dans les appartements de l'ancienne gendarmerie. La sous-préfète avait laissé entendre, lors d'un rendez-vous avec le comité représentant les expulsés, que des places leur seraient attribuées, mais le préfet en a décidé autrement : le 5 décembre dernier, après un troisième rendez-vous en sous-préfecture, les travailleurs sans papiers se sont vu proposer cinq places pour 27 demandes, dans un centre d'hébergement... de Neuilly-sur-Marne, très loin de Saint-Denis. Face à un tel mépris, les expulsés ont décidé d'occuper la basilique, en accord avec le curé solidaire de cette action.

Ce même préfet n'a pas toléré ce qu'il appelle une « atteinte à l'ordre public », et a envoyé la police, pour déloger les occupants. Dès 16 heures, la basilique était encerclée par les forces de l'ordre pour empêcher les soutiens d'intervenir. Le maire qui voulait entrer dans la basilique a été molesté et s'est vu menacer d'un taser. Il a cependant réussi à forcer le passage. À 17 h 45, la police est intervenue en force pour en faire sortir les occupants, provoquant l'indignation du curé. Celui-ci a rappelé qu'une telle intervention de la police dans une église n'avait pas eu lieu depuis l'intrusion des forces de l'ordre dans l'église Saint-Bernard à Paris en 1996. À l'époque, cela avait suscité l'indignation générale. Cette fois, la gauche étant aux commandes, cette intervention est pratiquement passée inaperçue.

Les expulsés de la basilique sont partis à plus d'une centaine en manifestation devant l'ancienne gendarmerie pour réaffirmer leur revendication.