Présence d'amiante dans la tour Montparnasse à Paris : Pour les responsables, il est urgent de ne rien faire18/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2368.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Présence d'amiante dans la tour Montparnasse à Paris : Pour les responsables, il est urgent de ne rien faire

Un rapport d'expert rendu public le 12 décembre a confirmé les craintes de l'Inspection du travail et de la Caisse régionale d'assurance maladie. Le taux inquiétant de fibres d'amiante détecté à plusieurs reprises depuis l'été dernier dans la tour Montparnasse ne provient pas uniquement des travaux de désamiantage en cours, mais des gaines d'aération qui propagent les poussières dans tous les étages.

En effet, depuis 2009, les capteurs ont relevé 72 dépassements du seuil réglementaire de cinq fibres par litre, le plus fort taux ayant atteint 98,8 fibres par litre dans les locaux du conseil régional d'Île-de-France, alors qu'il n'y avait aucun chantier de désamiantage dans le secteur. Plusieurs dépassements inquiétants sont intervenus ces derniers mois, dans des locaux déjà traités ou situés loin des zones de désamiantage. Devant l'inquiétude des salariés, relayée par l'Inspection du travail et la Caisse régionale d'assurance maladie, la préfecture de Paris s'est enfin décidée à demander à un expert d'en rechercher les causes.

La tour Montparnasse a été construite au début des années 1970. Alors qu'à cette date les dangers de l'amiante étaient connus depuis des décennies, ce n'est qu'en 2005 qu'ont débuté les travaux de désamiantage, qui sont loin d'être terminés. Pendant toutes ces années, et encore maintenant, quelque 5 000 salariés, répartis sur les 53 étages de bureaux ou affectés au nettoyage, continuent à travailler dans les poussières d'amiante. Seules deux entreprises ont déménagé leurs employés, conscientes des risques qu'elles leur faisaient encourir.

Les travaux de désamiantage ayant été suspendus, les autres entreprises de la Tour ont pris le parti de minimiser le danger. Elles sont appuyées en cela par le président du syndicat de copropriété qui parle de « pollutions ponctuelles » et affirme que ces « incidents » proviennent du fait que la Tour a été « trop bonne élève » en multipliant les contrôles. Autrement dit, pour vivre tranquilles, vivons ignorants et tout ira pour le mieux dans la meilleure des tours !

Des pressions se font contre les salariés qui dénoncent le danger de l'amiante dans la Tour. Le quotidien Le Monde rapporte même qu'il est demandé aux pompiers intervenant sur les faux-plafonds de travailler sans casque ni combinaison de protection, afin de ne pas « affoler les clients » - ceux des sièges sociaux installés dans les étages ou des magasins du rez-de-chaussée. Et, pour le préfet, il est hors de question de faire évacuer la Tour « à deux semaines de Noël », synonyme de grande foire commerciale.

Bref, le lobby de l'amiante reste puissant en France, et les pouvoirs publics s'inclinent devant ses volontés, au mépris de la santé et de la vie de centaines de milliers de personnes.

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