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- Lutte ouvrière n°2368
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Herakles (groupe Safran) : Saint-Médard-en-Jalles (Gironde) Accident mortel à la poudrerie
Jeudi 5 décembre, trois salariés d'Herakles de Saint-Médard (la partie anciennement SNPE, Société nationale des poudres et explosifs de la filiale de Safran en Gironde) ont été gravement brûlés par un feu de poudre. L'un d'entre eux, est malheureusement décédé des suites de ses blessures.
Le feu s'est déclaré lors d'une opération de démoulage sur un réservoir contenant du propergol solide, une poudre servant à propulser les fusées et missiles des clients d'Herakles, comme Ariane et EADS. L'opération de démoulage consiste quant à elle à retirer l'excédent de poudre. Cette opération est très redoutée par les salariés car l'un des risques majeurs est que l'électricité statique générée par le corps humain y mette le feu, cela malgré les semelles antistatiques. L'hiver est pour cette raison dangereux, car l'air y est particulièrement sec, augmentant le risque de décharges. Ce risque est donc parfaitement identifié, et depuis longtemps. Le dernier incident, datant de 2006, avait provoqué l'incendie de quelques kilos de poudre, heureusement sans conséquence.
Une enquête de police est en cours pour déterminer les circonstances précises de l'accident. Mais les causes sont malheureusement connues et tristement banales : c'est le profit qui a tué notre camarade et en a blessé grièvement deux autres.
Cet accident n'aurait jamais dû avoir lieu. L'électricité statique, si cette cause est confirmée par l'enquête, peut être évitée en humidifiant l'atelier ou tout simplement en évitant que ce genre d'opération se fasse au plus froid et au plus sec de l'hiver. Après l'accident de 2006, la direction a fait installer une nouvelle machine réduisant la présence humaine et le risque. Mais suite à une défaillance de cette machine qui doit de nouveau être en service en 2014, c'est avec l'ancien outillage que la direction a fait assurer la production. Car pour elle, ce qui compte surtout, c'est le fait que cette production, parmi les plus rentables du site, sorte.
Quelques heures après l'accident, la direction d'Herakles publiait un communiqué interne adressé à tout le personnel pour demander « d'observer un devoir de réserve vis-à-vis des nombreuses sollicitations qui pourraient être reçues de l'extérieur ». En clair, la direction d'Herakles espère imposer le silence à tous.
Il faut au contraire que les travailleurs se fassent entendre, car il est impensable de perdre sa vie au travail. La direction d'Herakles porte une lourde responsabilité dans cet accident. C'est elle qui, en refusant les investissements nécessaires, a fait le choix de faire passer le profit des actionnaires avant la sécurité des ouvriers.