Gare de triage de Drancy (Seine-Saint-Denis) : Un wagon qui déraille ravive l'inquiétude18/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2368.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Gare de triage de Drancy (Seine-Saint-Denis) : Un wagon qui déraille ravive l'inquiétude

Le mercredi 11 décembre au matin, un wagon de produits chimiques a déraillé dans le triage de Drancy. Fort heureusement, le wagon d'acide chlorhydrique était vide. Que se serait-il passé s'il avait été plein et si son chargement s'était répandu ? Derrière ce wagon, il y en avait un autre de nitrate d'ammonium, le produit qui a fait sauter l'usine AZF. En mars dernier, c'était un wagon de mercaptan, le même gaz qui a empuanti durant quelques jours la vallée de la Seine, qui s'est mis à fuir, sans trop de conséquences là non plus.

Cette gare de triage pose un énorme problème. Installée en plein milieu d'une zone urbaine, elle trie plus de 200 000 wagons par an, dont 10 % environ de produits chimiques, chlore, ammoniac, acides, etc. Un rapport a signalé qu'en cas de fuite à la suite d'une déchirure de quelques centimètres dans un wagon de chlore, des risques létaux, c'est-à-dire mortels, pourraient s'étendre jusqu'à 2 600 mètres autour du triage. Dans ce périmètre vivent 220 000 personnes !

Depuis que ce rapport a été rendu public, les municipalités de Drancy, du Blanc-Mesnil et du Bourget ont demandé le déménagement du triage, ou tout au moins le confinement des wagons chimiques. Mais ni la SNCF, ni RFF, ni le gouvernement ne veulent changer quoi que ce soit. Une entrevue à Matignon avec une délégation de Blanc-Mesnil a obtenu la création d'un... comité local d'information : autant dire, rien. Le pire, si l'on peut dire, c'est que les autorités, pour donner l'impression qu'elles prenaient en main le problème, ont décidé l'interdiction par arrêté préfectoral de toute nouvelle construction dans un rayon de 620 mètres. Pourquoi 620 mètres ? Mystère. Même une simple véranda est interdite. Cet arrêté a mis le feu aux poudres. Dans ce secteur largement pavillonnaire, la valeur des pavillons a dégringolé de 20 ou 30 %, rendant les habitants furieux. Des manifestations ont eu lieu, dont au moins une très importante vers la préfecture de Bobigny.

Déménager le triage et le mettre en zone non-urbaine reviendrait sans doute très cher. Beaucoup moins tout de même que les 20 milliards de crédit d'impôt que l'État consent au patronat. Mais si l'argent va aux patrons, il ne va pas à ce qui serait utile.

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