EADS : Prendre sur les profits pour garantir les emplois18/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2368.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

EADS : Prendre sur les profits pour garantir les emplois

Chez EADS, la maison mère d'Airbus, Eurocopter, Ariane..., présentée comme une entreprise qui réussit, 5 800 postes doivent être supprimés d'ici fin 2016 dont 5 300 dans la nouvelle filiale Airbus Defence & Space qui, au 1er janvier 2014, regroupera principalement les anciennes filiales Cassidian, Astrium et Airbus Military.

Pour la France, 1 700 emplois sont concernés. L'Allemagne est la plus touchée avec 2 600 emplois visés. 700 emplois sont concernés en Angleterre et 600 en Espagne. Des sites vont être fermés : le site de Montmorency à Paris et plusieurs autres « petites » entreprises en région parisienne, le site de Unterschleissheim au nord de Munich, des activités vendues comme Test & Services.

La société EADS est dans une santé florissante. Le carnet de commandes est pléthorique : six années de travail en perspective, 634 milliards d'euros à fin juin 2013. Les finances crèvent les plafonds : rien qu'au premier semestre 2013, le chiffre d'affaires a augmenté de 6 % (28,3 milliards d'euros), le bénéfice net de 31 % (759 millions d'euros).

Les actionnaires d'EADS ont un avenir bien assuré par le travail des 145 000 employés. Mais cela ne leur suffit pas. Tom Enders, président du groupe, a donc annoncé le 9 décembre dernier son intention de rentabiliser encore plus. Et il n'y est pas allé de main morte avec l'annonce des 5800 suppressions de postes dans la branche espace et défense du groupe. Le lendemain, Marwan Lahoud, le directeur général de la stratégie du groupe, a encore rajouté un complément à ce programme de licenciements : il veut obtenir la signature d'un accord de compétitivité avec les syndicats en 2014, pour diminuer les salaires en augmentant le temps de travail et son intensité.

Le but final du couple Enders-Lahoud est d'atteindre un taux de profit de 10 % et de distribuer dorénavant 30 à 40 % des bénéfices sous forme de dividendes.

LES TRAVAILLEURS REAGISSENT

Les mesures contre les salariés d'EADS ne sont pas encore détaillées ni définitives. On peut tout craindre des nouveaux coups qui se préparent. Mais d'ores et déjà des travailleurs ont réagi.

Vendredi, face au chantage de la direction, les délégués au comité national France ont claqué la porte. Le 28 novembre, à l'appel du syndicat IG Metall, 8 000 salariés de EADS Allemagne ont manifesté. La seule manifestation à Hambourg a rassemblé 3 000 travailleurs. À Toulouse, le 13 décembre, les salariés ont exprimé leur refus de ce plan de licenciements.

Dans l'épreuve de force engagée par la direction, les salariés ne pourront compter que sur eux-mêmes. Ce ne sont pas les Sapin et autres Montebourg ou bien le représentant du gouvernement allemand qui pourront changer quoi que ce soit. Les gouvernements français et allemands ont d'ailleurs refusé de conserver le droit de veto dont ils disposaient en tant qu'actionnaires. Mais même lorsqu'ils l'avaient, comme en 2007, ils s'étaient inclinés devant les licenciements de Power 8. Alors, rien à attendre de ce côté-là.

EADS a mille fois les moyens de garantir l'emploi de tous les salariés, ainsi que celui des intérimaires et des sous-traitants. C'est la seule société du CAC 40 à s'être maintenue sans aucune baisse. Tous ses chiffres sont excellents et en hausse importante. Mais ils veulent toujours gagner plus d'argent sur le dos, la vie et la santé des travailleurs pour le reverser aux actionnaires. Et ils le disent crûment.

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