Crise du logement : Une pénurie catastrophique18/12/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/12/une2368.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Crise du logement : Une pénurie catastrophique

Le projet de loi Duflot sur le logement est en discussion en commission à l'Assemblée nationale, avant son adoption qui devrait survenir courant janvier 2014. Par rapport au projet initial, qui ne prévoyait pourtant qu'un timide encadrement de la hausse des loyers privés, les lobbys de l'immobilier ont fait jouer leurs relations pour obtenir de nouveaux avantages.

La garantie universelle des loyers, dont le coût est évalué à 400 millions d'euros par an, permettra peut-être à des familles en difficulté de rester un peu plus longtemps dans leur logement. Mais elle va surtout permettre aux propriétaires de continuer à percevoir les loyers, en laissant à l'État le soin de faire payer les locataires défaillants. De même, certains frais facturés par les agences immobilières ne seront plus à la charge des propriétaires, mais « partagés » avec les locataires, sous prétexte qu'ils en seraient aussi bénéficiaires.

Cette loi sur le logement n'est de toute façon en rien une réponse à l'urgence de la situation dans les milieux populaires. Le nombre de familles sans domicile fixe a doublé ces dernières années et les associations chiffrent désormais le nombre de personnes mal logées à plus de huit millions. Le manque de logements, qui permet aux bailleurs de maintenir des loyers exorbitants, n'est pas près de s'atténuer. La construction de logements n'a atteint que 340 000 unités cette année, sur le demi-million prévu. Et c'est encore pire pour le logement social, dont l'objectif pourtant modeste de 40 000 nouveaux logements sera loin d'être atteint.

Bien que l'État leur offre des déductions massives, les promoteurs privés refusent de se lancer dans de nouveaux projets de construction de logements, entretenant une pénurie qui favorise l'envolée du prix des terrains et du bâti. Les pots cassés sont payés par les petites entreprises sous-traitantes, qui font faillite en grand nombre. Mais c'est surtout tous ceux en quête d'un logement décent et financièrement accessible qui paient le prix fort. Les familles populaires se retrouvent ainsi coincées, avec au bout du compte un éloignement des centres-ville et des lieux de travail pour trouver des logements.

Et la politique du gouvernement ne fait qu'aggraver la situation. Alors qu'il offre de nouvelles exonérations fiscales aux propriétaires bailleurs ou vendeurs de leur résidence secondaire, il a dans le même temps repoussé la revalorisation des aides au logement du 1er janvier au 1er octobre, économisant ainsi des dizaines de millions sur la petite part du budget du ministère du Logement qui revient aux locataires modestes.

Le système capitaliste, sa crise et l'anarchie engendrée par la loi du marché sont incapables de répondre à un besoin aussi élémentaire que l'accès à un logement. La rapacité des grands groupes qui dominent le secteur de l'immobilier souligne combien il est urgent de mettre en place un service public du logement, qui construise à prix coûtant et rapidement le million de logements qui manque.

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