Un siècle d'impôt sur le revenu : L'État est celui des capitalistes, à eux de le payer28/11/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/11/une2365.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Un siècle d'impôt sur le revenu : L'État est celui des capitalistes, à eux de le payer

Avant 1914, l'impôt sur le revenu n'existait pas. Le mouvement socialiste de cette époque revendiquait la suppression des impôts indirects, les seuls qui touchaient les masses populaires, et affirmait que les travailleurs n'avaient pas à payer pour financer l'État de la bourgeoisie.

Les socialistes exigeaient aussi l'institution d'un impôt sur le revenu qui frapperait les industriels et les banquiers. Les fortunes de ceux-ci échappaient alors en grande partie aux impôts directs qui, issus de la Révolution française, étaient réduits et basés pour l'essentiel sur la propriété foncière.

Mais en 1914 les socialistes trahirent leur camp et rentrèrent dans le gouvernement bourgeois qui venait de s'engager dans la guerre. Pour financer cette guerre, l'État avait d'énormes besoins financiers, et toutes les forces politiques, des partis bourgeois au Parti socialiste, se mirent d'accord pour instaurer l'impôt sur le revenu. Mais il ne s'agissait plus de taxer uniquement les revenus du capital, bien au contraire. Il fallait financer la guerre à moindres frais pour la bourgeoisie et, pour cela, ce nouvel impôt devait être étendu aux couches populaires.

Entre 1914 et aujourd'hui, le nombre de foyers imposables n'a cessé d'augmenter en France, avec des pics, comme en 1945, quand le PCF, au gouvernement avec De Gaulle et les socialistes, demandait aux travailleurs de « retrousser les manches » pour reconstruire la France. Aujourd'hui, la moitié des foyers sont imposables, soit près de 19 millions de contribuables dont 2 millions de plus depuis 2011, date à laquelle Sarkozy avait gelé le barème de l'impôt.

Avec la mensualisation de l'impôt sur le revenu, mise en place à partir de 1971, l'État ajoute à ce racket organisé une petite arnaque supplémentaire. Cette solution est aujourd'hui choisie par 60 % des contribuables car elle permet de moins débourser d'un coup et de mieux gérer son budget. Mais cela revient à faire une avance au fisc, et les sommes ainsi prêtées sans intérêt par les masses populaires à l'État atteignent plusieurs dizaines de milliards d'euros chaque année.

Les partis et les syndicats se posant en défenseurs des salariés ont depuis bien longtemps abandonné les revendications des débuts du mouvement ouvrier. Ils osent dire aujourd'hui qu'il faudrait « réhabiliter l'impôt » et le rendre « plus juste »... Mais il n'y a pas d'impôt juste tant que le capitalisme domine la société. L'appareil d'État est à son service, alors, tant qu'il existe, il revient à la bourgeoisie de le payer. La dénonciation de tout impôt, direct ou indirect, imposé aux travailleurs est toujours d'actualité.

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