Faillite du transporteur Mory Ducros : 7 000 travailleurs sur le carreau28/11/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/11/une2365.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Faillite du transporteur Mory Ducros : 7 000 travailleurs sur le carreau

L'entreprise de messagerie Mory Ducros (transport rapide de colis et de marchandises) vient de déposer le bilan et un administrateur judiciaire a été nommé mardi 26 novembre, pour examiner les offres éventuelles de reprise pendant une période d'observation de 6 mois. L'emploi de 5 200 salariés de l'entreprise et de 2 000 dans les entreprises sous-traitantes est menacé.

Mory Ducros est né en 2012, de la fusion de Ducros express (ex-DHL France) et de Mory, sous les auspices du fonds de pension Caravelle, via sa filiale Arcole industries spécialisée dans la reprise des entreprises en difficultés. En 2011, Arcole industries avait racheté Mory, alors placé en redressement judiciaire, pour un euro symbolique. En 2012, il mettait la main sur Ducros racheté à la Deutsche Post qui l'avait elle-même racheté à DHL. Sur le papier, le nouvel ensemble était le numéro 2 du secteur, derrière Geodis, une filiale de la SNCF. Il acheminait 70 000 colis par jour dans 4 500 véhicules répartis dans 115 agences. La fusion semblait prometteuse pour les requins d'Arcole industries, qui en profitaient au passage pour mettre sur le carreau 700 personnes, sous prétexte de synergie entre les deux entreprises. Mais deux ans après la fusion, devant les difficultés du secteur dont le chiffre d'affaires serait en recul de 25 % depuis 2007, Mory Ducros invoque des pertes de 80 millions en 2012, pour un chiffre d'affaires de 765,5 millions d'euros, et il jette l'éponge.

Devant l'annonce de la faillite et vu son ampleur – c'est la plus grosse en France depuis celle de Moulinex en 2001 – le gouvernement fait mine de se pencher sur le sort de ces milliers de salariés. Mais Montebourg déclare que « tout le monde devra faire des sacrifices, les salariés, les actionnaires, les banques », et le ministre des Transports, Cuvelier, envisage en cas de reprise « la perspective du sauvetage de 2 000 emplois au moins », ce qui veut dire le licenciement des 3 200 autres. Les cadeaux par contre seront pour les banquiers et les actionnaires, à qui Montebourg annonce déjà que le nouveau « Fonds de résistance économique » doté de 380 millions d'euros pourrait servir à un éventuel repreneur. Le message est passé, puisqu'Arcole industries se dit prêt à participer à une opération de restructuration partielle de Mory Ducros.

Parmi le personnel, l'émotion était grande à l'annonce de la mise en faillite, chacun comprenant que, même en cas de restructuration, de nombreux travailleurs ne seront pas repris. Les 700 licenciements au moment de la création de Mory Ducros sont encore dans toutes les têtes. Pour beaucoup, ce sera Pôle emploi avec les seules indemnités légales qui par exemple, pour un salarié avec 23 ans d'ancienneté, se monteraient à... 8 300 euros. Les promesses très vagues du gouvernement ne convainquent pas davantage.

Mardi 26 novembre, les salariés de Mory Ducros étaient nombreux devant le tribunal de commerce de Pontoise et en province devant les préfectures, pour dire leur colère et réclamer de ne pas faire les frais des choix d'Arcole industries, qui met l'entreprise en faillite et se prépare à en racheter une partie. Cette société se présente comme « une structure financière stable et solide », c'est donc là qu'il faut aller chercher l'argent pour garantir les salaires et les emplois des 7 000 travailleurs menacés par la faillite de Mory Ducros. Mais pour cela il ne faudra compter ni sur Montebourg ni sur Ayrault.

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