La Redoute, Roubaix-Wattrelos : Les salariés se mobilisent pour leur avenir31/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/11/une2361.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Redoute, Roubaix-Wattrelos : Les salariés se mobilisent pour leur avenir

Mardi 22 octobre, plus de 500 salariés de La Redoute ont manifesté entre le site industriel de Wattrelos et le siège social de Roubaix, en exigeant des garanties pour l'avenir. En effet François-Henri Pinault, actionnaire majoritaire du groupe Kering, ex-PPR, veut céder La Redoute avant la fin décembre à un repreneur encore inconnu, en lui donnant plusieurs centaines de millions d'euros pour solde de tout compte.

Les manifestants ont crié leur colère et leur refus que Pinault sous-traite à bon compte les licenciements. Dans la région, les exemples ne manquent pas d'entreprises ayant trouvé un repreneur chargé de licencier et liquider la boîte : Unilever, Rank Xerox, Samsonite...

Depuis le mois d'avril, les syndicats étaient prévenus par les experts au comité d'entreprise que la revente imminente allait se solder par des suppressions d'emplois. Deux mobilisations, qui ont regroupé à chaque fois près de 130 travailleurs, demandaient des comptes. Cela avait amené le groupe Kering à proposer des réunions de prétendue concertation pour discuter de « l'accompagnement social ».

Dans les quatre premières réunions, les représentants de Kering ont discuté de tout sauf de ce qui intéressait vraiment les travailleurs, c'est-à-dire l'avenir des 2 600 salariés (il y en avait 5 000 en 2008). Mardi 29 octobre, avait lieu la cinquième réunion. Une manifestation de 400 salariés s'est rendue sur le lieu de la réunion, dans les beaux quartiers de la banlieue lilloise. Dans cette réunion, la direction a annoncé qu'il y aurait des « mesures impactant l'emploi », au moins au niveau du plan de 2008, lors duquel 672 postes avaient été supprimés. Elle a également annoncé la filialisation de la Logistique et l'externalisation de la Relation clientèle, ce qui diviserait en plusieurs entités les secteurs de La Redoute.

La direction, qui promettait que La Redoute ne serait pas découpée en plusieurs filiales, qui jurait qu'il ne fallait pas s'inquiéter pour l'avenir des emplois, avait donc menti ! L'écoeurement s'est exprimé durant l'assemblée générale mais la colère aussi : le principe d'une nouvelle action a été voté à l'unanimité.

Maintenant que la direction annonce clairement ses objectifs, il faut exiger des garanties. Non seulement personne ne doit se retrouver sur le carreau, mais il faut qu'au moins dix ans de salaire soient garantis par Pinault, quel que soit le repreneur à venir.

Pour cela, l'argent ne manque pas. Pinault, qui a racheté La Redoute, une entreprise alors florissante, il y a bientôt vingt ans, n'a fait que siphonner les comptes de l'entreprise. Ce qui lui a permis de racheter des entreprises comme Gucci, Yves Saint-Laurent, Boucheron, le joaillier de la place Vendôme... Avec ses dividendes, il s'est payé deux palais à Venise pour exposer ses tableaux, mais aussi des grands crus de Bordeaux ou un jet privé.

Rien que sur les deux dernières années, le groupe Kering a fait 2,3 milliards de bénéfice net. Il vient également de revendre pour 1,1 milliard des entreprises qui avaient été, en leur temps, financées par La Redoute. Pinault a donc largement les moyens de garantir les salaires pour les années qui viennent. Il pourrait les garantir pendant au moins dix ans.

Cela nécessitera une lutte longue et déterminée mais, comme le dit une des chansons des manifestants, « On se battra le temps qu'il faut ! »

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