Syrie : Quel que soit le prétexte, non à l'intervention militaire occidentale !04/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2353.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Syrie : Quel que soit le prétexte, non à l'intervention militaire occidentale !

Alors qu'une intervention occidentale en Syrie semblait imminente à la fin du mois d'août et que l'espace médiatique était saturé des déclarations guerrières des présidents français et américain, une semaine après, pour ces derniers, il semble qu'il soit à nouveau urgent d'attendre.

Ces hésitations ne sont pas seulement le résultat des jeux politiciens des différents pays. Certes les députés britanniques ont refusé l'intervention et Barack Obama attend la décision des élus américains, laissant du même coup Hollande suspendu en l'air. Mais c'est en fait depuis le début de la guerre civile syrienne que les représentants des grandes puissances hésitent sur la conduite à tenir : faut-il ou non soutenir militairement l'opposition à Assad et, si oui, de quelle manière, comment maintenir la stabilité de l'ordre impérialiste dans la région ?

Malgré les grands sermons humanitaires des dirigeants occidentaux, le sort des populations syriennes n'a aucune place dans leurs calculs. L'emploi de gaz toxiques, qualifié de « ligne rouge » par Hollande et Obama, fait suite à deux ans de combats qui ont déjà fait cent mille morts, deux millions de déplacés et des destructions sans nombre. Pour la population syrienne prise entre le marteau et l'enclume, la ligne rouge est dépassée depuis longtemps.

La dictature de Bachar el-Assad, aujourd'hui dénoncée par les diplomates occidentaux et leurs valets de plume, était à leurs yeux tout à fait présentable il y a peu. Le président - vocabulaire de l'époque - Assad fut invité d'honneur du défilé du 14 juillet 2008 à Paris. Ce n'est pas la dictature qui dérange Hollande, Obama et leurs semblables. Mais après le « printemps arabe » de 2011 et les premières manifestations contre le régime, ils ont aidé les bandes armées qui se sont organisées avec le soutien du Qatar et de la Turquie et dont l'action militaire s'est substituée et imposée à la place de celle de la population. Pour les Occidentaux, c'était l'occasion d'affaiblir Assad, voire de le remplacer par une autre dictature plus prête à servir leurs intérêts.

Mais voilà, depuis deux ans que durent les massacres, le régime Assad se maintient et son armée garde ses capacités de répression contre la population et de résistance à une éventuelle intervention occidentale. Du côté de l'opposition, aucune direction politique crédible n'apparaît.

Il ne suffit pas en effet que François Hollande reçoive à l'Élysée le président d'une Coalition nationale syrienne, comme il l'a fait le 29 août, pour que cette dernière soit capable d'être un pouvoir de remplacement dans le pays. Personne ne contrôle vraiment les différentes bandes armées opposées au régime, même regroupées derrière le sigle « Armée syrienne libre », dont chacune fait régner sa loi sur sa parcelle de territoire, son quartier, voire sa rue. L'attitude de certaines, notamment les milices islamistes liées ou non à al-Qaïda, rejette même la population du côté d'Assad, en dépit des atrocités commises par son armée.

Les puissances occidentales parlent aujourd'hui de « punir » la dictature syrienne en bombardant le pays, mais pas de renverser le dictateur. Si même elles parvenaient à l'abattre, elles ne sauraient d'ailleurs pas par qui le remplacer. Mais si elles décident d'intervenir ce ne sera évidemment pas pour des raisons humanitaires, ni pour « protéger » le peuple syrien. Les missiles, s'ils sont tirés, tomberaient bien sur celui-ci, s'ajoutant à d'autres.

Ce qui inquiète les dirigeants occidentaux est sans doute plutôt le fait que le rapport des forces militaires ait dernièrement semblé évoluer en faveur du régime d'Assad. Si les puissances impérialistes veulent garder la possibilité d'influer dans une solution à la crise syrienne, il leur faut rétablir l'équilibre en faveur de l'opposition.

En tout cas, à l'approche d'un sommet du G20 au cours duquel les occidentaux négocieront peut-être avec la Russie, ils veulent mettrent au moins dans la balance leur menace d'intervention.

Dans tous les cas, une intervention militaire des puissances occidentales en Syrie, quelle que soit sa forme, viserait d'abord à leur permettre de continuer à jouer leur jeu dans la région pour y protéger leurs intérêts, en premier lieu ceux des grandes sociétés pétrolières, et les dictatures qui les protègent.

Quant au résultat à plus ou moins court terme, il ne serait que d'y accroître encore un peu plus le chaos, comme cela s'est déjà produit en Afghanistan, en Irak, en Libye et ailleurs. Il faut dire non à toute intervention militaire occidentale en Syrie, quel que soit le prétexte derrière lequel elle se cache !

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