Le 10 septembre, il faut dire : « Ça suffit ! »04/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2353.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Le 10 septembre, il faut dire : « Ça suffit ! »

Quatre organisations syndicales, la CGT, FO, la FSU et Solidaires, appellent à une journée de grèves et de manifestations le mardi 10 septembre. C'est bien le moins en cette rentrée, alors que les attaques contre les travailleurs se multiplient.

Si le gouvernement Hollande-Ayrault veut satisfaire quelqu'un, c'est avant tout le patronat. C'est ce que montrent les mesures sur les retraites qu'il annonce. Il y aura bien une augmentation des cotisations pour combler le déficit annoncé des caisses de retraite, partagée à égalité entre part salariale et part patronale. Mais il annonce que cette cotisation supplémentaire sera compensée pour les patrons par la baisse au moins égale de leurs cotisations d'allocations familiales, et aussi par des baisses d'impôts. Autrement dit, non seulement le patronat ne paiera pas plus, mais même il y gagnera.

Tout le monde n'a pas droit aux mêmes égards. Les travailleurs et les retraités, eux, reçoivent des avis d'imposition en hausse du fait du gel des barèmes. La hausse des cotisations de retraite se traduira par une baisse des salaires alors que ceux-ci sont déjà bloqués depuis des années. Enfin, le gouvernement déclare qu'il ne touchera pas à l'âge de la retraite, qui restera à 62 ans, mais en même temps il prévoit d'augmenter la durée de cotisation nécessaire, qui passera progressivement à 43 ans. On ne peut être plus hypocrite car ainsi, pour avoir droit à une retraite pleine, il faudra attendre d'avoir 63, 64, 65 ans ou plus ! Tous ceux qui ne le pourront pas toucheront une pension de retraite diminuée.

À cela s'ajoutent encore d'autres mesures, comme le décalage de six mois de la revalorisation des pensions, qui passera du 1er avril au 1er octobre exception faite pour le minimum vieillesse, ou la décision de rendre imposable la majoration de 10 % dont bénéficient les parents de trois enfants : c'est encore cela de gagné sur le dos des retraités présents et futurs.

Réunis en université d'été, les dirigeants du Medef ont fait le compte des milliards qu'ils peuvent espérer des mesures gouvernementales, tout en ajoutant qu'elles ne suffisent pas. D'après eux, il faut encore baisser ce qu'ils appellent « le coût du travail », autrement dit baisser encore les impôts et les cotisations qu'ils payent, quitte à les faire payer par les salariés, ou par la collectivité. Et pourquoi les patrons s'en priveraient-ils puisque, avec ce gouvernement, il leur suffit de demander ?

Et c'est bien à cela que se résume le prétendu problème des caisses de retraite. Si elles sont en déficit, c'est parce que depuis des années les patrons licencient, font faire le même travail par moins de salariés et mettent les autres au chômage. Tout cela ne vise qu'à encaisser des profits supplémentaires dont ils ne font rien, car ils ne cherchent même pas à investir ailleurs que dans la spéculation. C'est cela qui pèse sur les caisses de la Sécurité sociale, donc les caisses de retraite, sur les finances de l'État et des collectivités publiques, c'est cela qui ne cesse de multiplier les chômeurs et qui met toute la société en crise.

Le grand patronat considère que ses profits sont intouchables, que c'est toujours aux autres d'assumer les frais de son irresponsabilité. Mais si quelqu'un doit payer, c'est d'abord lui, sur ses profits et ses richesses accumulées, qui ne sont rien d'autre que le produit de la sueur des salariés.

Au-delà même du problème des retraites, la question posée en cette rentrée est simple : le grand patronat, assuré de l'appui du gouvernement, veut continuer à imposer sa politique quitte à enfoncer toujours un peu plus la société, à commencer par les travailleurs, dans une pauvreté dramatique. Il n'y a pas d'autre moyen de l'en empêcher que la lutte.

Il faut, bien sûr, participer à la journée de grèves et de manifestations du 10 septembre. Cela servira déjà à montrer que les travailleurs n'acceptent pas les nouveaux coups qu'on leur assène en cette rentrée. Il faut y participer même s'il est certain qu'elle ne suffira pas à mettre un coup d'arrêt à cette politique. Il y a là une offensive déterminée, concertée, du patronat et du gouvernement.

Ceux-ci ne reculeront que s'ils ont peur, que s'ils se retrouvent face à une réaction solidaire, déterminée, massive, venant de l'ensemble des travailleurs pour leur dire : « Ça suffit ! L'intérêt, la vie des travailleurs, des chômeurs, de l'écrasante majorité de la société doivent passer avant l'intérêt d'une minorité de privilégiés ! »

C'est bien cette réaction de l'ensemble des travailleurs qu'il faut préparer, le 10 septembre... et après.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 2 septembre

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